Fatma Mseddi a encore frappé. La députée, connue pour son obsession quasi pathologique du « grand remplacement » en Tunisie, vient de découvrir une nouvelle preuve irréfutable du complot mondial visant à submerger le pays sous une marée de migrants subsahariens. Après les trottoirs envahis, les camps de fortune où elle y voyait un Etat dans l'Etat, voici maintenant le feuilleton ramadanesque Fitna, coupable selon elle d'une tentative sournoise de normalisation de la présence des étrangers dans les foyers tunisiens. Son crime ? Avoir osé représenter une aide-ménagère originaire d'Afrique subsaharienne. Sacrilège ! Pour Mme Mseddi, c'est bien plus qu'un simple rôle dans une fiction : c'est une entreprise de manipulation des masses, une acclimatation insidieuse à l'idée d'accepter l'autre, cet étranger « africain » forcément envahisseur, toujours menaçant. La députée s'étrangle d'indignation : « Est-ce une normalisation de la présence d'étrangers dans la vie des familles tunisiennes ? La série a-t-elle oublié que la loi interdit l'emploi d'étrangers ? La présence de ce personnage subsaharien ne vous rappelle-t-elle pas les domestiques philippines dans les séries du Golfe ? Fitna essaie-t-il de nous habituer à l'implantation des migrants en situation irrégulière ?», tonne-t-elle. Dans son délire conspirationniste, elle en vient à voir dans Fitna un plan soigneusement huilé pour habituer les Tunisiens à cohabiter avec « ces étrangers ». Bientôt, peut-être, exigera-t-elle une censure des programmes télévisés, une traque des scénaristes coupables de crimes contre la patrie… La xénophobie a ceci de pratique qu'elle dispense de toute réflexion. Et surtout, elle détourne l'attention sur les véritables enjeux.