Il y a des silences qui honorent davantage que mille mots. Mais Abderraouf Ayadi, lui, a choisi le vacarme de l'indécence. À l'annonce du décès de l'ancien président de la République Foued Mebazaa, ce politicien et avocat coutumier des positions douteuses, a publié un commentaire abject sur sa page Facebook : « Foufou, le chaton de Wassila Bourguiba, est mort, le pauvre ! » Un message qui transpire le mépris, l'insulte, l'humiliation ; bref, l'irrespect le plus total envers la mémoire d'un homme disparu. Quelles que soient les divergences politiques, il y a des lignes qu'on ne franchit pas. La mort devrait clore le champ du combat, au moins temporairement, pour laisser place à un minimum de décence. Mais visiblement, certains n'en sont pas capables.
La réaction des internautes ne s'est pas fait attendre. Nombreux sont ceux qui ont dénoncé l'indignité du commentaire, le qualifiant de honteux, déplacé et révélateur d'une haine rance mal digérée. Le célèbre blogueur Mehrez Belhassen a ainsi écrit : « Il n'y a pas de défaite plus amère que de laisser ton adversaire vivre en toi, te condamner à vivre dans la haine et la rancune toute ta vie… Bourguiba est mort depuis vingt-cinq ans, mais Ayadi (et d'autres) vivent encore dans la même haine, comme si on était toujours dans les années 70 ou 80… Que Dieu les soigne ! ».
L'avocat Anouar Kousri, pour sa part, a rappelé ce que les traditions tunisiennes imposent en pareil moment : « Dans nos traditions et notre morale… quand un citoyen meurt, on dit que Dieu ait son âme… ou on se tait ». Il poursuit : « Le défunt ne peut plus entendre, il ne peut plus se défendre… Et si à ce moment précis, des imbéciles profitent de la mort pour ouvrir leurs bouches et insulter un mort, c'est la famille qui en souffre. Ceux qui l'aimaient pleurent, et reçoivent ces propos comme des coups portés en plein deuil. Qu'on évalue son parcours, d'accord. Mais pas au moment de sa mort. C'est une énorme honte ! Attendez au moins la fin des quarante jours de deuil… et sans insulter, diffamer, ou porter atteinte à sa dignité ! Quelle déchéance morale… ». Entre indécence, haine politique et absence totale d'empathie, le commentaire d'Abderraouf Ayadi est une tache de plus dans son parcours déjà bien chargé en polémiques.