2024 a été une année difficile pour City Cars, concessionnaire de Kia Motors en Tunisie, impacté par un manque d'approvisionnement du constructeur, en pleine refonte stratégique. Privée de son modèle emblématique Rio un an auparavant, puis des modèles Picanto et Stonic en raison de la baisse des volumes livrés par le constructeur, la société a dû se réadapter et s'orienter vers des modèles à forte valeur ajoutée, afin de compenser la baisse des volumes par une montée en gamme.
Une assemblée générale sous le signe de l'adaptation C'est globalement ce qui ressort de l'Assemblée générale ordinaire (AGO), tenue vendredi 30 mai 2025 au siège de la société au Kram, pour statuer sur les états financiers de l'exercice 2024, sous l'égide d'Amel Bouchamaoui, présidente du Conseil d'administration, et de Riadh Annabi, son directeur général. « L'année 2024 a été marquée par de nombreuses interruptions dans les chaînes de production du constructeur, notamment sur les produits de masse (Picanto et Stonic), entraînant une baisse de 11,9 % du volume des ventes. La même année, les ventes du modèle Rio, jusqu'alors best-seller et vitrine de la marque, ont été quasiment nulles (en raison de l'arrêt de sa production, ndlr), marquant un tournant majeur dans notre stratégie produit. Ces perturbations ont généré des tensions sur la trésorerie, accentuées par un recours accru aux escomptes, ce qui a alourdi les charges financières. Malgré ce contexte difficile, l'entreprise a enregistré une légère hausse de 1 % de son chiffre d'affaires et maintenu sa deuxième position au classement. Ce résultat a été rendu possible par une réorientation efficace vers des modèles à forte valeur ajoutée (Sportage, Seltos et Sonet), permettant de compenser la baisse des volumes par une montée en gamme. Nous avons essayé de réagir à ces perturbations, et grâce à notre équipe et à notre positionnement stratégique, nous avons pu relever les défis. Nous avons, comme à l'accoutumée, des résultats très satisfaisants », a affirmé d'emblée Amel Bouchamaoui.
Résultats commerciaux Ainsi, malgré ces aléas, City Cars a prouvé une fois encore sa résilience, enregistrant globalement de bons résultats, en légère baisse. Ses actionnaires percevront cette année un dividende brut de 1,25 dinar par action (identique à l'an dernier), mis en paiement à partir du 4 juillet 2025. En 2024, le marché des véhicules légers (VL) a progressé de 2,4%, avec 57.137 véhicules vendus contre 55.779 unités en 2023. Le marché des véhicules particuliers (VP) a, quant à lui, enregistré une baisse de 1,6%, avec 42.350 véhicules vendus fin 2024, contre 43.057 un an auparavant. Le concessionnaire s'est hissé à la deuxième place sur les marchés VP et VL avec respectivement une part de marché de 12,6 % (en recul de deux points) et de 9,7% (-1,7 point). Il a vendu 5.326 voitures particulières, dont 801 voitures populaires (12,5% de part de marché sur ce segment). S'agissant des véhicules utilitaires (VU), la marque a vendu 191 unités en 2024 (+1,3%). Au total, elle a écoulé 5.517 véhicules légers (VP + VU). En matière de véhicules électriques, la société a immatriculé 23 véhicules sur un total de 226 pour l'ensemble du marché.
Les SUV en vedette Commentant ces chiffres, le DG a expliqué que « la baisse enregistrée au niveau de la société provient essentiellement des tensions observées dans les chaînes de production de Kia tout au long de l'année, notamment au premier semestre 2024, la perturbation ayant touché les produits de masse ». Il a également annoncé la fin de vie de la camionnette Kia, remplacée prochainement par un modèle 100% électrique, la société procédant actuellement à la liquidation de son stock. Il a rappelé la disparition du modèle Rio, qui représentait en 2023 plus de 50% du chiffre d'affaires et a été remplacé par le Stonic. Il a aussi souligné que la société a vendu 1.363 SUV/Crossover contre 1.043 unités un an auparavant, un record pour elle dans ce segment. La part de ce type de véhicule est ainsi passée de 16,3% en 2023 à 24,2%.
Performances financières Concernant les performances financières de City Cars, le chiffre d'affaires de la société a augmenté de 1%, passant de 360,76 MD en 2023 à 364,24 MD en 2024. L'activité « véhicules neufs » a généré 354,62 MD (+1 %), tandis que l'activité après-vente a rapporté 9,62 MD (+0,2%). Le résultat net a enregistré une baisse de 7,5%, passant de 30,12 MD à 27,87 MD, avec un impôt de 14,45 MD (-10,2 %, dont 12,97 MD d'impôt sur les sociétés et 1,48 MD de contribution sociale de solidarité, ndlr). La performance de la société a été notamment impactée par la hausse des charges financières nettes, en raison des fortes tensions sur la trésorerie dues aux perturbations logistiques de 2024 et au recours fréquent aux escomptes à effet. Le chiffre d'affaires consolidé a pour sa part progressé légèrement de 0,9%, passant de 375,04 MD à 378,41 MD entre 2023 et 2024. Le résultat net consolidé s'est établi à 29,52 MD en 2024, contre 31,72 MD en 2023, soit une baisse de 6,9%.
Vers une montée en gamme assumée « Grâce à une réorientation intelligente du mix produit vers les modèles haut de gamme, nous avons pu transformer une baisse de volume en hausse de chiffre d'affaires. (…) L'année 2024 illustre parfaitement l'art du mix produit et traduit résolument la résilience de notre marque et sa capacité à faire face aux aléas, internes ou externes », a souligné Riadh Annabi.
L'électrique : un marché de niche, pour l'instant Interrogé par Business News sur l'impact de la libéralisation du marché des voitures électriques, le DG a expliqué que ces véhicules restent chers pour les Tunisiens. Cela dit, le concessionnaire prévoit d'importer l'EV3 à partir du second semestre 2025. Il a rappelé que Kia est la seule marque disposant de quatre stations de recharge ultra-rapide dans les grandes villes du pays, et prévoit d'en installer d'autres. « Nous sommes un précurseur dans l'électrique et nous avons une stratégie ainsi que des outils à déployer pour développer ce segment, qui reste pour l'instant un marché de niche. Le Tunisien a du mal à acheter de l'hybride, et encore plus de l'électrique. C'est une problématique sectorielle, liée notamment à un manque d'infrastructures de recharge », a-t-il soutenu.
Une stratégie d'investissement maintenue En réponse à une question sur les participations de City Cars dans l'UIB, Firas Saied, membre du Conseil d'administration et directeur général de HBG Holding, a indiqué que ce placement est stratégique et génère une plus-value importante. Il a aussi mis en avant le rendement en dividendes de la société, maintenu depuis trois ans. Concernant une éventuelle augmentation de capital, il a déclaré que cela reste envisageable et que le Conseil y réfléchira.
Un premier trimestre 2025 en demi-teinte, mais des signaux positifs Réagissant aux craintes exprimées par quelques actionnaires quant aux performances de 2025, Riadh Annabi a réitéré qu'il ne s'agit pas de méventes, mais de perturbations logistiques. Il a souligné que ces difficultés sont liées à une transformation profonde de l'industrie automobile mondiale. Le constructeur a opéré une montée en gamme, suivie par City Cars qui mise désormais sur les SUV, les crossover et les véhicules électriques à forte valeur ajoutée. « Je vous rassure, la marque est foncièrement bonne », a-t-il martelé. Il a admis que les résultats des quatre premiers mois sont timides, mais a précisé que la tendance s'est inversée en mai 2025, avec l'arrivée des véhicules et le retour de chiffres positifs. Le DG a indiqué que le quota de City Cars pour 2025 s'élève à 5.840 unités, dont 1.000 véhicules populaires, en plus d'une éventuelle redistribution, si les autorités l'autorisent. Il a souligné que City Cars vend l'intégralité de son quota reçu, et que le solde non vendu en fin d'année est écoulé au début de l'année suivante.
Vers une performance renforcée en 2025 Pour conclure la session, Amel Bouchamaoui a invité les actionnaires à continuer d'investir dans City Cars, assurant que les performances de 2025 seront « encore meilleures ». « Nous travaillons dessus. Nous allons continuer notre chemin vers l'excellence comme à l'accoutumée », a-t-elle assuré. L'exercice 2024 a été difficile pour City Cars, mais il a permis d'illustrer sa capacité à s'adapter, à préserver sa rentabilité et à transformer les contraintes en opportunités de repositionnement stratégique.