Le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu dans l'après-midi d'hier, mercredi 25 juin, au Palais de Carthage, Sarra Zaâfrani Zenzeri, cheffe du gouvernement. Un communiqué de Carthage, publié aux alentours de 4 heures du matin, fait savoir que le chef de l'Etat a affirmé « que les lobbys qui tentent par tous les moyens d'attiser les tensions et de créer des crises ne peuvent rester en dehors de la reddition des comptes ». Le président Saied a dans ce sens indiqué que « ceux qui les servent au sein de l'administration ne seront pas non plus épargnés » et que « ceux qui sont au chômage depuis longtemps sont plus dignes de les remplacer » puisque « le patriotisme, la loyauté, le dévouement, l'austérité et le don de soi sans limites doivent tous être des critères déterminants dans le choix des personnes chargées de la gestion de certains services publics ou travaillant dans les structures, institutions et établissements publics de l'Etat ».
Le président de la République a par ailleurs précisé que nombreux sont ceux qui invoquent les procédures, alors que, « lorsqu'une intervention directe est faite pour résoudre un problème mineur, la lenteur et le prétexte des procédures disparaissent », révélant ainsi un laxisme et une justification fallacieuse. Dans ce contexte, le chef de l'Etat a souligné que de nombreux textes doivent être revus de manière radicale, en plus de certaines nominations et institutions dont l'existence même est inutile.
Ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat s'en prend frontalement à l'administration, qu'il érige régulièrement en bouc émissaire de tous les dysfonctionnements du pays. À maintes reprises, ces derniers mois, Kaïs Saïed a multiplié les déclarations accusatrices, ciblant « ceux qui entravent l'action de l'Etat » et fustigeant une bureaucratie présentée comme corrompue, lente, ou complice des « lobbys ». Ces attaques s'accompagnent souvent de menaces à peine voilées d'un vaste « nettoyage » administratif. Selon lui, tout responsable ne s'inscrivant pas dans sa vision de la « guerre de libération nationale » dont il se proclame le commandant, devrait être remplacé. Patriote, honnête, austère et dévoué : tels sont les critères vagues que le président dit vouloir imposer pour sélectionner ceux qui auront le privilège de servir l'Etat sous son règne.