Lors de sa visite en Tunisie, jeudi 31 juillet 2025, la présidente du conseil italien Giorgia Meloni a évoqué avec le président Kaïs Saïed le projet Tanit, une initiative conjointe entre la Tunisie et l'Italie visant à valoriser les eaux usées traitées à des fins agricoles. Mentionné dans le communiqué officiel italien, ce projet a suscité de nombreuses interrogations en Tunisie, faute de détails connus du grand public. Voici ce que l'on sait à ce stade. Officiellement lancé en janvier 2025 lors d'une réunion entre le ministre de l'Economie et une délégation italienne de haut niveau, ce projet s'inscrit dans le cadre du programme Mattei, dédié au soutien au développement durable en Afrique. La délégation comprenait des représentants du gouvernement italien, de l'Agence italienne de coopération internationale, du Fonds italien de dépôts et de garanties, ainsi que de l'Institut méditerranéen de l'agriculture de Bari (CIHEAM). Le projet, d'une valeur d'environ deux millions de dinars, prévoit le traitement et la réutilisation des eaux usées de plusieurs stations d'épuration (El Attar, Melyan, Sfax, Enfidha, Agareb) pour irriguer des exploitations agricoles relevant de l'Office des terres domaniales. L'initiative couvrira une superficie totale de 11.500 hectares. Il repose sur trois axes : le traitement des eaux usées, l'amélioration des performances agricoles, ainsi que le soutien à la formation, à la recherche et à l'innovation dans le domaine de l'agriculture. Il vise à renforcer la sécurité alimentaire et à atténuer les effets du changement climatique, dans une logique de gestion durable des ressources hydriques.
Le projet Tanit s'inscrit dans la stratégie plus large du plan Mattei, conçu par l'Italie pour renforcer son rôle en Méditerranée et en Afrique. Derrière les promesses de coopération et de développement durable, ce programme soulève également des questions sur les priorités migratoires, les conditions d'accès aux financements et l'affirmation de nouvelles dynamiques de pouvoir entre le Nord et le Sud. La Tunisie, partenaire de premier plan dans cette logique, se trouve ainsi au cœur d'enjeux à la fois environnementaux, agricoles… et diplomatiques.