Un manque de certains médicaments a été constaté, surtout durant les deux dernières semaines, a confirmé, vendredi 8 août 2025, Molka Elmoudir, secrétaire générale adjointe du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (Spot). Elle a également confirmé que les prix de plus de 280 médicaments ont été mis à jour par la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT). Il ne s'agit pas uniquement de hausses, mais aussi de baisses, situées globalement aux alentours de 9 %. Elle a martelé que les médicaments concernés par les hausses ne sont pas des médicaments vitaux, mais des médicaments essentiels ou intermédiaires. Il s'agit majoritairement de médicaments princeps importés qui possèdent plusieurs équivalents génériques produits localement. La PCT souhaite ainsi encourager la production locale et réduire les importations pour rétablir ses équilibres financiers, fortement impactés par les retards de paiement des caisses sociales et des hôpitaux. La pharmacienne a indiqué, dans ce cadre, que les médicaments génériques n'obtiennent une autorisation de mise sur le marché (AMM) qu'après des études de bioéquivalence démontrant que leur efficacité est équivalente à celle des médicaments princeps. Mme Elmoudir a reconnu, au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, qu'il existe depuis dix ans un manque de médicaments, dû aux difficultés de la Pharmacie centrale de Tunisie à importer, à cause d'un manque de liquidités. Elle a rappelé que la PCT est le seul établissement tunisien habilité à importer des médicaments et à approvisionner le pays. Malgré des bilans comptables positifs, la PCT s'est retrouvée dans un gouffre financier, car elle subventionne plusieurs médicaments. N'étant plus en mesure de payer ses fournisseurs dans les délais, ces derniers ont fini par perdre patience et refusent désormais de livrer des médicaments sans paiement préalable. Cela a entraîné un manque de certains médicaments importés importants. Pour elle, la décision de la PCT s'inscrit dans le cadre d'une démarche de bonne gouvernance. Elle a précisé que partout dans le monde, on encourage la consommation de médicaments génériques afin de dégager des fonds pour l'achat de médicaments innovants, contenant de nouvelles molécules, et de médicaments vitaux. Autre sujet abordé : la situation financière des pharmacies privées. La pharmacienne a souligné que la situation s'est détériorée avec ce qu'elle a qualifié de « spectaculaires retards » de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) en 2025, concernant le paiement des sommes dues aux pharmaciens pour le remboursement des médicaments. Les délais de paiement sont passés à 120 voire 150 jours, alors que l'accord initial prévoyait quatorze jours. En 2024, les pharmaciens avaient accepté, à titre exceptionnel, un délai de soixante jours. Molka Elmoudir a affirmé que les pharmacies ne sont plus en mesure de payer leurs grossistes et la PCT. Elles rencontrent d'importantes difficultés, et certaines, notamment dans les régions de l'intérieur du pays, sont carrément menacées de dépôt de bilan. La secrétaire générale adjointe du Spot a insisté sur le fait que, contrairement à ce que certains croient, les marges bénéficiaires des pharmaciens sont faibles. Elle a rappelé que la marge bénéficiaire sur les médicaments est fixe et n'a pas changé depuis 1996. Ainsi, selon elle, la marge brute d'une pharmacie ne dépasserait pas les 32 %. À cela s'ajoutent les charges d'exploitation (maintenance, équipements, loyer, salaires, impôts…), qui sont en constante augmentation. Elle a aussi souligné que plus le prix des médicaments augmente, plus la marge bénéficiaire relative diminue. Elle a conclu en affirmant que le bénéfice net d'une pharmacie ne dépasserait pas les 8 %.