La crise de l'approvisionnement en médicaments continue de susciter de vives inquiétudes. Invitée de Jawhara FM, mardi 2 septembre 2025, Molka El Moudir, secrétaire générale adjointe du Syndicat des pharmaciens, a dressé un constat préoccupant. Selon elle, de fortes perturbations touchent actuellement plusieurs traitements importés, notamment ceux destinés à certains cancers, aux maladies de la thyroïde, à certaines formes de diabète et à l'épilepsie. Plus inquiétant encore, 90 % des médicaments manquants n'ont pas d'équivalents génériques sur le marché. En revanche, aucune rupture n'a été signalée pour les traitements de l'hypertension et des maladies cardiovasculaires. La responsable syndicale a cependant pointé du doigt la fragilité financière de la Pharmacie centrale, aggravée par un problème de liquidités et le non-règlement des dettes envers les pharmacies privées. Molka El Moudir a également déploré le fonctionnement du comité de vigilance, chargé du suivi de la situation. Selon elle, toutes les parties prenantes devraient y être impliquées, ce qui n'est pas le cas. Elle a appelé ce comité à aller au-delà du simple diagnostic pour mettre en place de véritables mesures préventives, permettant la rationalisation des ordonnances et la mise en place d'alternatives efficaces face aux pénuries. De son côté, Aymen Khelifi, secrétaire général adjoint du Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (SPOT), avait rappelé que la pénurie ne se limite pas à la situation nationale. Elle résulte également de facteurs internationaux, tels que la rareté des matières premières et la décision de certains laboratoires d'arrêter la production de certaines gammes de médicaments. Dans ces cas, a-t-il expliqué, il faut engager une nouvelle procédure administrative pour autoriser un médicament de substitution, ce qui retarde encore l'accès des patients aux traitements nécessaires. Autre facteur aggravant : la fragilité structurelle de la Pharmacie centrale, seul organisme habilité à importer et distribuer les médicaments en Tunisie. En raison de ses difficultés financières, elle n'arrive plus à renouveler ses stocks, provoquant des ruptures temporaires qui peuvent avoir de graves conséquences pour les patients. Pour les représentants des pharmaciens, la sortie de crise nécessite des solutions rapides et concertées, afin d'assurer la continuité des soins et d'éviter que la situation ne s'aggrave davantage.