Une vidéo circulant sur Tiktok prétend montrer le président américain Donald Trump affirmant que les Etats-Unis auraient ciblé un navire dans le port de Sidi Bou Saïd en Tunisie, au motif qu'il transportait des drogues destinées au mouvement Hamas. Selon les légendes qui accompagnent ces publications, la cargaison aurait transité par le Venezuela et l'Espagne, avec l'implication supposée du Qatar, de la Turquie, de l'Algérie et de la Tunisie. Mais cette affirmation est trompeuse.
Pour vérifier, nous avons retracé l'extrait vidéo utilisé. Il s'agit bien d'un discours de Donald Trump, mais il n'a aucun lien avec la Tunisie. La séquence provient d'une déclaration tenue à la Maison-Blanche le 2 septembre 2025, lorsque Trump s'exprimait dans le Bureau ovale sur l'envoi de navires militaires américains dans les Caraïbes pour lutter contre le narcotrafic en provenance du Venezuela. Dans ce discours, Trump explique que l'armée américaine a intercepté un navire transportant de la drogue en provenance du Venezuela. Ses propos étaient les suivants : « Ces cargaisons sortaient du Venezuela et en grande quantité. Beaucoup de choses viennent du Venezuela. Nous l'avons neutralisé, et vous pourrez le voir après cette réunion. »
Nulle part dans ses déclarations il n'est fait mention de la Tunisie, de Sidi Bou Saïd, ni d'une cargaison destinée au Hamas. L'extrait a donc été repris et détourné par une légende trompeuse, associant artificiellement ses propos à l'actualité récente du port tunisien.
Ainsi, il s'agit d'une vidéo de Donald Trump, sortie de son contexte, et accompagnée d'une légende trompeuse. Elle ne constitue pas une preuve que les Etats-Unis auraient ciblé un navire dans un port tunisien. Rappelons que deux attaques distinctes ont visé des navires de la flottille internationale Global Sumud, amarrés au port de Sidi Bou Saïd. La première est survenue dans la nuit du 8 au 9 septembre, lorsqu'une explosion suivie d'un incendie a touché le Family Boat, navire phare de la mission.
Les organisateurs ont dénoncé une attaque par drone, tandis que les autorités tunisiennes ont d'abord évoqué un incident accidentel, sans faire état de blessés mais avec des dégâts matériels visibles. La seconde attaque a eu lieu la nuit suivante, du 9 au 10 septembre, cette fois contre le navire Alma, battant pavillon britannique. Selon les militants, un engin incendiaire largué par un drone a provoqué un feu rapidement maîtrisé sur le pont supérieur, là encore sans victimes. Les autorités tunisiennes ont qualifié cette seconde attaque d'acte prémédité et annoncé l'ouverture d'une enquête.