Dans la nuit du 8 au 9 septembre 2025, le Family, navire amiral de la flottille internationale Soumoud, a été touché par un incendie mystérieux à Sidi Bou Saïd. Alors que la Garde nationale tunisienne dément toute attaque et invoque un gilet de sauvetage enflammé, des vidéos de surveillance, témoignages de l'équipage et analyses journalistiques pointent la piste d'un assaut présumé, probablement mené pour intimider la flottille et la détourner de son objectif humanitaire vers Gaza. Un incident grave a marqué Sidi Bou Saïd, où le Family, qui entend briser le blocus imposé à Gaza, devait embarquer l'équipage intercepté lors de la précédente tentative, dont la militante suédoise Greta Thunberg, la Franco-Palestinienne Rima Hassan, l'Allemande Yasmine Acar et le Brésilien Thiago Avila.
Des images troublantes Les caméras de surveillance du Family ont enregistré le moment de l'incident. Dans une première vidéo, on entend un vrombissement quelques secondes avant l'explosion et les appels à l'aide de l'équipage. Une autre séquence montre deux membres de l'équipage sur le pont, levant soudainement la tête vers le ciel avant qu'un impact et un éclair ne se produisent, suivis des cris « help ! help ! ». Sur une vidéo provenant d'un autre navire en mouillage, publiée par le Global Sumud Flotilla, un objet lumineux descend verticalement du ciel avant que l'incendie n'éclate. Plusieurs membres de l'équipage confirment avoir aperçu un drone et décrit son engin. La rapporteure spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, présente à Tunis, a confirmé que l'embarcation avait été visée, qualifiant l'incident « d'assaut contre un bateau principal de la flottille ». L'épaisse fumée constatée n'a heureusement fait aucune victime.
Le démenti officiel En réaction, le colonel-major Houssemeddine Jebabli, porte-parole de la Garde nationale, a affirmé qu'« aucun survol de drone » n'avait été recensé et que les enquêtes étaient en cours pour déterminer l'origine exacte de l'incident. La Garde nationale attribue l'incendie à un gilet de sauvetage enflammé par un briquet ou un mégot de cigarette, précisant qu'il n'existe « aucun acte hostile ni attaque extérieure ». Selon l'institution, les informations circulant sur les réseaux sociaux seraient « dénuées de tout fondement ». Ces explications contrastent fortement avec les images et les témoignages qui suggèrent une attaque ciblée.
Polémique et propagande L'incident a déclenché une vive polémique en ligne. Dans la nuit, Riadh Jrad, propagandiste pro-régime, a publié un long statut accusant les activistes de la flottille de « faire un barbecue de poisson » et de « provoquer le chaos », insinuant qu'ils étaient des « soulards » insouciants alors que les Gazaouis souffrent de la famine. Le message illustre à quel point le discours officiel et ses relais cherchent à dénaturer la réalité d'une action humanitaire internationale, en tournant les militants en ridicule et en essayant de détourner l'attention des véritables enjeux. Cette tentative de propagande, diffamatoire, a provoqué une indignation immédiate parmi les observateurs et internautes, qui soulignent le décalage saisissant entre les faits et les accusations.
Analyse technique Le journaliste Bassam Bounenni a examiné les vidéos et argumenté contre la thèse du simple incendie de gilet de sauvetage : « Les gilets de sauvetage sont fabriqués dans des matériaux non inflammables ou résistants au feu. Si les gilets bon marché s'enflamment, le feu ne se propage pas de manière à créer une masse de flammes », note-t-il. Il ajoute que le vrombissement et l'impact observés sur les vidéos correspondent à un objet descendu du ciel, et que les images de navigation aérienne montrent depuis le 2 septembre la présence de nombreuses missions de surveillance israéliennes, depuis les côtes espagnoles jusqu'au détroit de Sicile. Selon lui, Israël pourrait avoir utilisé une munition lumineuse type Zarya-3, légère et non létale, pour intimider les participants sans provoquer de morts.
Le contexte international La flottille, partie de Barcelone et accueillie à Tunis avec les honneurs par des centaines de personnes, activistes, élus et personnalités culturelles, constitue un mouvement inédit face au blocus et au génocide en cours à Gaza. L'Etat sioniste, accusé de l'attaque, n'a pas réagi officiellement. L'expérience historique montre que Tel Aviv n'est pas étranger à des opérations de ciblage dans d'autres pays, renforçant l'hypothèse d'une action israélienne visant à faire peur et à détourner la flottille de son objectif humanitaire.
Versions contradictoires L'opinion publique est désormais divisée. Entre le démenti officiel et les images, vidéos et témoignages qui confirment l'attaque, beaucoup mettent en doute la version tunisienne. Plusieurs vidéos de surveillance, provenant à la fois de l'embarcation visée et d'autres navires dans le port, montrent un objet lumineux descendant du ciel avant l'incendie et les cris de l'équipage. Des journalistes ont également analysé les sites de suivi aérien en Méditerranée, confirmant la présence de missions israéliennes suivant la flottille depuis Barcelone. Malgré ces preuves, les autorités tunisiennes ont rapidement écarté les vidéos et les témoignages disponibles, privilégiant la version officielle d'un incident accidentel. Cette réaction pourrait s'expliquer par la volonté de préserver l'image du pays, d'éviter toute confrontation diplomatique avec Israël ou de contrôler le récit avant qu'il ne se diffuse largement. Le contraste entre les images publiées par la rapporteure de l'ONU notamment et les déclarations officielles a renforcé le scepticisme de l'opinion publique. Les organisateurs maintiennent leur accusation : « Un drone a bombardé le plus grand navire de la flottille mondiale », affirme Wael Naouar, membre du comité maghrébin de la flottille. Le communiqué officiel du Global Sumud Flotilla mentionne quant à lui « une attaque au drone contre un navire espagnol participant à la flottille, ayant provoqué un incendie partiel à bord ». Les contradictions entre les versions alimentent une polémique nationale autour de la transparence des autorités.
Entre les versions officielles tunisiennes, les vidéos et témoignages, et les analyses journalistiques, le débat sur la réalité de l'attaque reste ouvert, mais le message de la flottille reste clair : malgré les intimidations, elle entend poursuivre sa mission humanitaire et briser le blocus imposé à Gaza.