Le rapport sur la conjoncture énergétique à fin juillet 2025, récemment publié par le ministère de l'Industrie, des Mines et de l'Energie, dresse un constat préoccupant sur la production nationale d'hydrocarbures, en baisse aussi bien pour le pétrole brut que pour le gaz naturel, alors que la demande intérieure continue de progresser. La production nationale de pétrole brut a atteint 724 kilotonnes (kt) à fin juillet 2025, enregistrant une baisse de 10% par rapport à fin juillet 2024. La moyenne journalière s'est établie à 26,3 mille barils par jour contre 29.600 barils un an plus tôt. La baisse a touché la plupart des principaux champs : * Nawara (-48%), * Ashtart (-14%), * Barka (-85%), * El Hajeb/Guebiba (-21%), * Gherib (-22%), * Halk El Manzel (-13%), * Hasdrubal (-9%), * Sidi Marzoug (-2%). À l'inverse, certains sites ont vu leur production progresser : * Ezzaouia (+69%), * Gremda/El Ain (+223%), * D.S.T (+65%), * M.L.D (+10%), * Bir Ben Tartar (+9%). Plusieurs interruptions pour maintenance expliquent en partie ces résultats : l'arrêt du champ Ashtart entre le 27 juin et le 8 juillet 2025, l'arrêt du champ Nawara du 3 au 15 mai 2025, ainsi que la remise en production du champ Benefsej Sud le 3 février 2025.
Les ressources totales en gaz naturel (production nationale + forfait fiscal) ont atteint 1175 kilotonnes équivalent pétrole (ktep-pci) à fin juillet 2025, en baisse de 9% sur un an. La production nationale de gaz commercial sec a diminué de 6%, tandis que la redevance sur le passage du gaz algérien a reculé de 13%, à 502 ktep-pci. Par champ, l'évolution est contrastée : * Hasdrubal (-13%), * Nawara (-28%), * Miskar (-4%), * Gaz commercial du Sud (+6%). À noter qu'un dépassement des prélèvements de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) sur la redevance revenant à l'Etat tunisien a été enregistré en juillet 2025, à hauteur de 234 millions de m³, en cours de régularisation.
Les achats de gaz algérien ont bondi de 21 %, pour atteindre 1,61 Mtep-pci à fin juillet 2025. Ainsi, l'approvisionnement national total en gaz naturel s'est élevé à 2,88 Mtep, en hausse de 10% sur un an. La répartition par source illustre une dépendance croissante vis-à-vis de l'Algérie : * gaz national : en baisse de 27% à 23%, * redevance cédée à la Steg : de 22% à 21%, * achats auprès de l'Algérie : en hausse de 51% à 56%. La demande totale de produits pétroliers a légèrement augmenté de 1%, à 2661 ktep. Dans le détail : * essence : +2%, * jet d'aviation : +10%, * coke de pétrole : +3%, * gasoil : -1%.
La structure de la consommation reste globalement stable : carburants routiers à 64% de la demande totale, GPL en hausse (de 16% à 17%), fuel en recul (de 4% à 3%). Le GPL a vu sa consommation croître de 5%, le jet d'aviation de 10%, et le coke de pétrole de 3% (produit utilisé uniquement par les cimenteries). Du côté du gaz naturel, la demande a progressé de 10%, à 2,87 Mtep-pci. Cette hausse est portée par la production électrique (+13%) et par la consommation finale (+3%). Le secteur électrique reste le premier consommateur, représentant 72% de la demande totale, avec une production basée à 94% sur le gaz naturel. La consommation spécifique des moyens de production électrique s'est élevée à 212 tep/GWh, en hausse de 10% La production d'électricité issue du gaz naturel a progressé de 4%. En revanche, la part des cycles combinés dans la production électrique a chuté de 81% à 66%.
Au 30 juin 2025, la Tunisie comptait quinze permis valides (quatorze de recherche et un de prospection) et 56 concessions, dont 44 en production. L'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières (Etap) participe à 34 concessions et directement à trois autres. Aucune nouvelle opération d'acquisition sismique, de forage de développement ou d'exploration n'a été réalisée jusqu'à fin juillet 2025.
À fin juillet 2025, le taux de dépendance énergétique s'est établi à 63%, contre 57% un an plus tôt. Hors redevance sur le transit du gaz algérien, ce taux grimpe à 72%, contre 68% en 2024