Le Syndicat des pharmaciens d'officine de Tunisie (SPOT) a annoncé, mardi 23 septembre 2025, une décision inédite : la suspension du système du tiers payant avec la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) pour les maladies ordinaires, à partir du 1er octobre prochain. Les pharmaciens continueront néanmoins à délivrer les médicaments vitaux, afin de ne pas compromettre l'accès des patients aux traitements essentiels. Présentée comme une mesure « provisoire et exceptionnelle », cette décision survient dans un contexte de crise financière et structurelle qui frappe de plein fouet les officines, en particulier dans les régions de l'intérieur. Selon le SPOT, le retard chronique de la Cnam dans le règlement de ses engagements met en péril la survie de nombreuses pharmacies, dont certaines ont déjà suspendu individuellement leur collaboration avec le système de couverture sociale. « De nombreuses pharmacies ont déjà sombré, et même un règlement intégral des dettes de la Cnam ne suffira pas à les sauver », avertit le syndicat, qui rappelle que la majorité des professionnels a dû contracter des crédits bancaires « à des taux usuraires », tout en s'endettant vis-à-vis du fisc et de la sécurité sociale, avec à la clé de lourdes pénalités.
Le SPOT affirme que la crise dépasse désormais le seul cadre professionnel pour devenir un enjeu de santé publique. « Le silence ou l'inaction nous exposerait à une vague croissante de suspensions individuelles », met-il en garde, appelant à une mobilisation générale de la profession. Une assemblée générale extraordinaire est prévue le 25 octobre prochain pour décider des orientations futures et d'éventuelles mesures plus radicales. Le syndicat insiste sur la nécessité d'un « programme de réformes globales », sous la supervision directe de la présidence du gouvernement, avec l'implication des ministères concernés et un rôle accru du ministère de la Santé.
Le communiqué critique par ailleurs les tentatives de la Cnam de « calmer la grogne par le versement d'acomptes partiels », une pratique jugée inefficace car elle ne ferait que repousser l'échéance de la crise. « Les pharmaciens ne peuvent plus continuer à assumer seuls le poids du système de distribution du médicament », conclut le SPOT, appelant à rebâtir une relation de partenariat fondée sur la confiance, la transparence et des garanties concrètes pour assurer la pérennité du secteur.