Le député Aymen Ben Salah a vivement critiqué la gestion du dossier des déchets en Tunisie, en particulier l'attitude du ministre de l'Environnement qu'il accuse de manquer de vision et de cohérence. Lors de son intervention, vendredi 26 septembre 2025, sur Mosaïque FM, il a rappelé que le pays ne dispose pas encore d'une classification claire des déchets — industriels, dangereux ou solides — et que l'absence de cadre légal efficace empêche toute stratégie de traitement durable. « Aujourd'hui, nous ne savons pas faire la différence entre les types de déchets. Pourtant, ailleurs, comme en Indonésie, des initiatives innovantes permettent aux citoyens de déposer leurs déchets en échange d'une contrepartie financière », a-t-il souligné. Le député s'est montré particulièrement sévère envers le ministre de l'Environnement. « Le responsable numéro un du secteur va jusqu'à s'interroger sur l'utilité du Code de l'environnement. Mais comment peut-on travailler sans lois ? », a lancé Aymen Ben Salah, dénonçant un discours « en totale contradiction avec la réalité du terrain ». Pour lui, la question dépasse la simple adoption de textes : « Il s'agit de vraies politiques environnementales. Or, aujourd'hui, nous voyons un décalage flagrant entre les paroles et les réalisations ». Le député a pointé du doigt les lenteurs concernant le projet de Code de l'environnement, toujours bloqué et non soumis à l'Assemblée. Ce texte, a-t-il rappelé, prévoit pourtant la mise en place d'unités de traitement et de compostage des déchets ménagers, la dotation des hôpitaux en équipements de stérilisation pour les déchets médicaux, ainsi que le développement de la coopération internationale. Pour illustrer ses propos, Aymen Ben Salah a évoqué l'exemple de la station de recyclage de Chotrana, pratiquement inaccessible en raison des odeurs nauséabondes qui s'en dégagent. Il a également dénoncé les fuites de liquides polluants des camions de collecte, qui souillent les routes et aggravent la contamination de l'environnement.
La situation est particulièrement critique dans la région de Soukra 1, où les eaux usées non traitées se déversent directement dans la sebkha d'Ariana, zone pourtant protégée et lieu de passage d'oiseaux migrateurs. « Cela affecte la santé des habitants et détruit un écosystème qui devrait être préservé », a-t-il averti. En conclusion, Aymen Ben Salah a insisté sur la nécessité de changer de paradigme : « Dans plusieurs pays, les déchets deviennent une source d'énergie et de richesse. En Tunisie, nous devons dépasser la logique des décharges pour aller vers une économie circulaire. Tant qu'il y a une prise de conscience, il y a de l'espoir pour l'avenir ».