La Coalition tunisienne contre la peine de mort (CTCPM) a célébré, vendredi 10 octobre 2025, la 23e Journée mondiale contre la peine de mort, organisée cette année sous le slogan : « La peine de mort ne protège personne ». Cette journée s'inscrit dans le cadre du mouvement abolitionniste arabe, africain et mondial, et vise à réfuter l'idée selon laquelle la peine capitale garantirait la sécurité des individus et des sociétés. La CTCPM rappelle que la sécurité est souvent présentée comme l'absence de danger ou de menace, mais qu'elle demeure une notion sujette à diverses interprétations. Le communiqué dénonce l'usage du terme « sécurité » dans les discours politiques autoritaires comme un outil destiné à influencer l'opinion publique et à justifier des politiques arbitraires. Selon la Coalition, cet « argument sécuritaire » politise le processus judiciaire — censé rester équitable et impartial — et ouvre la voie à des violations des droits humains au nom de la protection de l'Etat. La Coalition souligne qu'aucune preuve n'atteste du caractère dissuasif de la peine de mort. Bien au contraire, celle-ci ne protège ni les individus ni les communautés : elle menace la dignité humaine et renforce les inégalités sociales et économiques en visant sélectivement les groupes pauvres et marginalisés. La CTCPM plaide pour une approche axée sur la sécurité humaine, fondée sur le traitement des causes profondes de la criminalité et de la violence, afin de construire des sociétés plus sûres et plus justes.
Sur le plan mondial, la tendance abolitionniste continue de progresser : 112 pays ont totalement aboli la peine capitale, neuf l'ont supprimée pour les crimes de droit commun, 33 ne l'appliquent plus dans la pratique, tandis qu'une minorité de 55 pays la maintiennent encore. En Afrique, 46 pays ont aboli la peine de mort dans leur législation ou dans la pratique, contre neuf qui continuent de l'appliquer.
En Tunisie, l'application de la peine de mort est suspendue depuis 1991, et les Constitutions de 2014 et de 2022 consacrent le droit à la vie. Toutefois, les tribunaux continuent de prononcer des condamnations à mort en l'absence d'une réforme législative l'abolissant formellement. La Coalition rappelle que la plupart des condamnés à mort sont issus de milieux défavorisés et de régions marginalisées, et que leurs procès sont souvent marqués par un manque de garanties d'équité. Des affaires récentes, notamment celles de Saber Chouchene et de Maher Manai, en sont l'illustration. La CTCPM déplore également les conditions de détention des condamnés à mort, qualifiées de dures et dégradantes : absence de suivi médical et psychologique, manque de programmes de réinsertion, surpopulation carcérale et infrastructures pénitentiaires défaillantes. Le manque de transparence concernant le nombre de condamnés et leur profil socioéconomique empêche, par ailleurs, la réalisation d'études permettant de comprendre les causes réelles de la criminalité et de la violence. Depuis 2012, la Tunisie vote en faveur de la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire universel sur les exécutions. La Coalition tunisienne exhorte désormais les autorités à aller plus loin : franchir le pas de l'abolition définitive en ratifiant le Deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et en soutenant le projet de protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples.
Enfin, à l'occasion de cette journée dédiée au droit à la vie, la CTCPM exprime sa solidarité totale avec le peuple palestinien. Elle affirme que la lutte contre la peine de mort et les exécutions judiciaires n'a de sens que si elle s'accompagne d'une condamnation ferme de la guerre génocidaire menée dans la Palestine occupée et des violations massives du droit à la vie des Palestiniens.