La Coalition tunisienne contre la peine de mort (CTCPM) a publié, mardi 10 octobre 2023, un communiqué, appelant les autorités tunisiennes à la suspension de l'exécution de la peine capitale et la révision de la législation y afférente. La CTCPM a exhorté les autorités à : 1. Réparer l'injustice et mettre fin à la souffrance des familles des condamnés à mort exécutés pour des raisons politiques en leur restituant les dépouilles de leurs proches pour une sépulture décente et afin qu'ils fassent enfin leur deuil. 2. Respecter les engagements internationaux de la Tunisie en suspendant l'exécution de la peine de mort et en continuant à voter en faveur de la résolution mondiale des Nations unies appelant au moratoire universel sur la peine de mort. 3. Ratifier le deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et soutenir le projet de protocole complémentaire à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples concernant l'abolition de la peine de mort. 4. Mettre fin aux poursuites et aux condamnations à mort des personnes présentant des pathologies mentales et des troubles psychologiques. 5. Réviser la législation pour abolir la peine de mort, en particulier en ce qui concerne les articles rendant les opposants politiques passibles de cette peine. 6. S'engager à garantir la transparence et le droit d'accès aux données relatives aux condamnés à mort (nombre, sexe, âge, lieu de détention, etc.). Il convient de noter que l'organisation commémore en ce mardi 10 octobre 2023 la 21e Journée mondiale contre la peine de mort, sous le thème : « La peine de mort, une torture irréversible » La CTCPM a rappelé, dans son communiqué, que « Depuis 1956, 135 personnes ont été exécutées la plupart pour des motifs politiques et à l'issue de procès où ont été bafoués le droit de défense, la garantie de procès équitable et des degrés de juridiction. Ces condamnations étaient également basées sur des aveux obtenus sous la torture et étaient suivies par des enterrements dans des lieux secrets ». Elle a signalé, dans ce même contexte, que « Soixante ans après le déroulement du plus connu de ces procès, appelé 'l'affaire de la tentative de coup d'Etat', les familles n'ont pas encore pu récupérer les dépouilles de leurs parents exécutés pour les enterrer dignement et faire leur deuil ». La CTCPM a, également, assuré « relever avec beaucoup d'inquiétude, la recrudescence alarmante du nombre de condamnations à mort prononcées par les tribunaux tunisiens » notant que « ce contexte met en exergue la fragilité de l'engagement de l'Etat tunisien à respecter le droit à la vie, d'autant plus que la Constitution de 2022 n'a pas aboli la peine de mort conformément avec la position du président Kaïs Saïed qui soutient son rétablissement ». « Cette situation reflète également que la Tunisie se trouve en contradiction avec la dynamique mondiale abolitionniste, la majorité des pays du monde (144) ayant aboli ce châtiment en fait et en droit. Au niveau du continent africain, la Tunisie reste aussi à la traîne puisque la majorité des pays africains ont également aboli ce châtiment », a souligné l'organisation.