Le député à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), Abdessalem Dahmani, est revenu, lundi 13 octobre 2025, sur la situation à Gabès et la crise écologique que connaît la région. Invité de l'émission Midi Express, diffusée sur les ondes d'Express FM, M. Dahmani a expliqué qu'en dépit de la réunion tenue au palais de Carthage, la tension et la colère persistent en raison de l'absence d'informations officielles. « Les institutions de l'Etat ignorent les habitants de Gabès. Elles n'adressent ni information ni communiqué clair », a déploré le député, ajoutant que des parents d'élèves ont également manifesté. Répondant à une question de l'animatrice Myriam Belkadhi sur le rôle et la responsabilité des ministères de l'Industrie et de l'Environnement, Abdessalem Dahmani a indiqué que le terme « crime contre Gabès » est désormais officiel. « Après avoir officialisé ce terme, où sont les ministères concernés ? Où est l'Etat ? », s'est-il interrogé.
Il a rappelé qu'une équipe composée de représentants des ministères de la Santé, de l'Industrie et de l'Environnement s'était rendue à Gabès les 26 et 27 septembre 2025, avant de regretter que le rapport de cette commission n'ait été révélé qu'à partir du 11 octobre. « Ce que nous comprenons des faits officiels, c'est qu'il y a deux volets : le premier concerne l'absence et la négligence dans la maintenance des unités de production, et le second, la défaillance du suivi et du contrôle, ce qui a engendré les cas d'asphyxie », a expliqué le député, déplorant que les ministères concernés n'aient réagi qu'en partageant le communiqué de la présidence de la République. « C'est comme si ces événements se déroulaient dans un autre pays. Les ministères concernés sont complices, et j'assume ma responsabilité », a-t-il ajouté. « Nous doutons de la neutralité de la commission formée par le président de la République, car le coupable ne peut pas être neutre », a accusé le député, en référence à la déclassification du phosphogypse des matières dangereuses — une décision qui a permis son rejet en mer. « Aujourd'hui, la situation a atteint un niveau de douleur maximal pour les citoyens, qui se sentent exclus des calculs de l'Etat, réduits à de simples chiffres et résignés à attendre d'être enterrés », a dénoncé Abdessalem Dahmani. Il a ensuite réclamé la visite du président de la République dans le gouvernorat de Gabès, le démantèlement des unités polluantes, ainsi que la fin du déversement des déchets dans la mer et dans l'air.
Abdessalem Dahmani a également dénoncé l'existence d'un lobby composé de sociétés privées se cachant derrière le Groupe chimique tunisien (GCT). Selon lui, ce réseau n'a fait que tirer profit du gouvernorat de Gabès et a infiltré le ministère de l'Industrie. « C'est un seul réseau qui a assassiné écologiquement Gabès, et nous allons rouvrir ce dossier et le traiter comme il se doit », a-t-il promis. Concernant la possible récupération politique des mouvements de protestation, le député a reconnu que certains individus tentaient d'en tirer profit à des fins personnelles ou partisanes, tout en soulignant que l'intensité de la mobilisation demeure pleinement légitime face au silence des autorités.