Environ trente habitants de la délégation de Ghannouch (gouvernorat de Gabès) ont été victimes, mardi 9 septembre 2025 au soir, de difficultés respiratoires provoquées par des émissions de gaz toxiques dans la zone industrielle. L'incident a été confirmé mercredi par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), qui a dénoncé la répétition de ce type d'accidents et pointé la responsabilité des autorités. Selon le communiqué du FTDES, les habitants de Ghannouch, Chatt Essalem et Bouchemma avaient déjà alerté, au mois d'août dernier, sur des fuites massives de gaz étouffants dans la même zone. « Cet épisode s'inscrit dans une longue série de violations environnementales liées à l'activité polluante du Groupe chimique tunisien », déplore l'organisation. Le forum rappelle que la région a connu plusieurs incidents similaires ces dernières années. En octobre 2023, des élèves de Chatt Essalem avaient souffert de malaises après une fuite de gaz. En mars 2021, une explosion dans une usine d'asphalte avait coûté la vie à cinq ouvriers et gravement blessé un sixième. Pour le FTDES, ces accidents révèlent « la faiblesse des normes de sécurité et la vétusté des infrastructures » dans la zone industrielle. Face à la récurrence de ces crises, l'organisation accuse le ministère de l'Environnement et celui de l'Industrie d'un « abandon systématique » de la région. Elle appelle l'Etat tunisien à appliquer le décret du 29 juin 2017, qui prévoit l'arrêt du déversement de phosphogypse en mer et le démantèlement des unités polluantes du Groupe Chimique Tunisien (GCT) à Gabès. Elle réclame également la création d'une zone industrielle respectueuse de l'environnement, loin des zones habitées. Le FTDES s'oppose par ailleurs au projet de production d'ammoniac et d'hydrogène vert envisagé dans la région, estimant qu'il est imposé « sans concertation avec les habitants » et qu'il risque d'aggraver la situation écologique.
Depuis plusieurs années, Gabès est le théâtre d'un mouvement citoyen structuré notamment autour de collectifs comme "Stop Pollution" ou "Nous voulons vivre", qui dénoncent ce qu'ils qualifient d' « écocide ». Des manifestations ont parfois été réprimées par la police et plusieurs militants écologistes ont été poursuivis en justice, alimentant le sentiment d'abandon d'une région déjà marquée par un taux de pollution parmi les plus élevés du pays. Pour le FTDES, la répétition des épisodes d'intoxication illustre une crise sanitaire et environnementale durable : « Le droit à un environnement sain est un droit constitutionnel pour tous les Tunisiens. Sa négation à Gabès équivaut à un déni de justice ».