Le militant écologiste Firas Nasfi est intervenu le 13 octobre 2025 afin de revenir sur les événements et les mouvements de protestation à Gabès. Invité de l'émission Sbeh El Ward, diffusée sur les ondes de Jawhara FM, M. Nasfi est d'abord revenu sur une étude publiée par le ministère de l'Industrie le 5 mars 2025. Cette étude affirme que le phosphogypse, déchet industriel produit lors de la fabrication d'engrais à partir du phosphate, est une matière non dangereuse, non radioactive et valorisable. « Près de 14.000 tonnes sont jetées quotidiennement dans le golfe de Gabès », a affirmé Firas Nasfi, tout en indiquant que les habitants de Gabès ont été choqués par cette décision du ministère, alors qu'ils attendaient une décision de démantèlement des unités industrielles et leur transfert vers des zones non urbaines. « Face à cette décision, le gouvernement a opté pour l'installation d'une usine d'ammoniac et d'une autre d'hydrogène vert à Gabès », a-t-il ajouté. Habitant de la localité de Chatt Essalem, Firas Nasfi a dressé un constat amer sur le quotidien des habitants, fortement impactés par l'activité continue du Groupe chimique tunisien (GCT). « Quand on se réveille le matin, contrairement aux gens ordinaires, nous ne pouvons pas ouvrir nos fenêtres pour ne pas respirer l'air du fumoir, qui fonctionne 24h/24 et 7j/7 », a-t-il déploré. Il a poursuivi : « Nous n'arrivons plus à voir les nuages dans le ciel. » L'invité de Hatem Ben Amara a ensuite expliqué que plusieurs maladies graves sont fortement présentes chez les habitants de la région. Il a indiqué qu'en l'espace de vingt jours, entre septembre et octobre, quatre incidents d'asphyxie ont eu lieu à Ghannouch et Chatt Essalem. « Durant ces vingt jours, 150 personnes ont été victimes d'asphyxie, dont 90 % sont des élèves », a-t-il précisé. Il a également affirmé que des élèves et des femmes sont encore hospitalisés à la suite de l'asphyxie survenue vendredi dernier. Firas Nasfi a ensuite démenti le déplacement d'une commission gouvernementale pour discuter avec les habitants, tout en dénonçant l'absence d'informations officielles. « Il n'y a eu aucun responsable durant toutes les protestations : ni gouverneur, ni représentant de l'Etat, rien du tout », a-t-il déploré. M. Nasfi a par ailleurs condamné les actes de violence, tout en affirmant que le mouvement de protestation reste pacifique. « Nous n'avons besoin ni de partis politiques, ni de syndicats, ni d'associations. Nous voulons simplement respirer et vivre pacifiquement », a-t-il déclaré. Enfin, le militant écologiste a rappelé les principales revendications des habitants de la région. Il a d'abord exigé l'arrêt des unités appelées "CPA 2", que les ouvriers du GCT et les experts jugent défectueuses et incontrôlables. Il a également demandé au gouvernement de revenir sur sa décision de suspendre le démantèlement de ces unités. « Ils veulent ajouter à cette situation deux autres usines, d'ammoniac et d'hydrogène vert. Nous nous sentons comme des citoyens de troisième classe, ignorés et méprisés », a-t-il conclu.