Coup sur coup, le weekend a été marqué par la disparition de deux figures tunisiennes : le Dr Moncef Slama, ancien responsable des relations extérieures du Parti Socialiste Destourien et Hédi Grioui, ancien Secrétaire d'Etat à l'Information. Beaucoup les séparait, mais l'amour de la Tunisie les unissait aux nombreux patriotes. Chacun s'en est allé de son chemin, hier dimanche 18 mai 2008, vers sa dernière demeure. Le premier à Monastir et le second à Makthar La diplomatie des militants Longtemps, le Dr Moncef Slama a été le ministre des Affaires étrangères du parti destourien dans les années 70 et 80. De Georges Habache à Roberto Holden et Amilcar Cabral, de l'Internationale Socialiste aux différentes commissions et conférences, rien des acteurs politiques significatifs et des instances influentes ne lui était étranger. Bruno Kreisky, Bettino Craxi, Mario Suarez, Wishnevsky, mais aussi tant de Chefs d'Etat et de dirigeants arabes, africains, tiers-mondistes lui étaient très proches. Abou Ammar, Abou Iyad et tous leurs camarades, savaient compter sur lui. Ses études en Médecine, durant les années 60 à Moscou lui avaient fait rencontrer à l'Université Patrice Lumumba, puis lors de son action militante au sein de l'UGET, d'illustres nationalistes africains qui ont joué plus tard un rôle actif au sein des mouvements de libération. Aussi, sa proximité de son beau-frère Maitre Hédi Khefacha, cousin de Bourguiba, et ancien ministre (Défense, Intérieur, etc.) lui a avait inculqué beaucoup de rigueur, dans un patriotisme très pur. Homme de liaison, de dialogue et de rapprochement, il avait hissé la diplomatie des partis politiques à des niveaux élevés. Médecin de carrière, il avait largement contribué à la promotion du planning familial en Tunisie et dans le monde, mettant son large réseau au service de cette cause et de ses instances mondiale ce qui lui a valu d'être élu Vice-président de l'Union internationale du planning familial. Toujours sur la brèche, d'avion en congrès, au cur de l'actualité mondiale, des confidences et raisons d'état, il en avait subi tout le stress. Son cur commençait à flancher. Les attaques se succédaient. Mais pugnace, Moncef Slama a continué à servir, jusqu'au dernier soupir, dans la parfaite discrétion, la totale abnégation et l'indéfectible dévouement à la Tunisie. Une plume alerte Hédi Grioui laisse le souvenir d'un analyste politique doublé d'un rédacteur au verbe ciselé. Sadikien, il a su cultiver une plume bilingue toujours en verve. Trimant depuis son jeune-âge, il a eu sa première chance en intégrant le journal La Presse, sous Amor Belkhiria qui avait alors encouragé ses débuts. Entre la rue Bach-Hamba et l'Africa, il avait pris l'habitude de déambuler, des années durant, sous les ficus, en conciliabules, avec différents interlocuteurs, politiques, syndicalistes et autres. Puis, il avait fait son chemin. On le retrouvera plus tard Directeur Général des Affaires Politiques au ministère de l'Intérieur, puis au Premier Ministère, avant d'accéder au Secrétariat d'Etat à l'Information. Le reste de sa carrière, il l'exerce à la tête de la CAVIS, en charge des régimes de retraite, puis au sein de l'Office National de la Famille. Retraité, il continuera à livrer chroniques et articles à l'hebdomadaire Réalités où il encadrera, en parallèle, de nombreux journalistes. La carcasse résistait mal à une vie intense et les alertes se faisaient aussi alarmantes que rapprochées. La mort de sa défunte mère lui avait été très pénible et sonnait comme un compte a rebours. Il le savait, promettait de se ménager, mais avait finit par se laisser y aller. Dans la solitude. Dr Moncef Slama et Hédi Grioui : Deux parcours différents, sinon opposés, mais une même passion : la Tunisie. Que Dieu ait leurs âmes. A leurs familles respectives, toutes nos condoléances attristées.