Il est jeune et ambitieux. Elégant et séducteur. Il a été trois fois secrétaire d'Etat, il a été ministre (le plus jeune du gouvernement) et ambassadeur. On le croise parfois au théâtre lors d'une pièce de haute qualité, mais on le croise souvent dans les grand-messes technologiques. Elles ne lui échappent jamais. Il s'appelle Montassar Ouaïli et vient d'être coopté PDG de Tunisie Telecom le 24 juin 2008. Malgré son jeune âge, il est né en 1958 et il est père de trois enfants, Montassar Ouaïli a su gravir rapidement les échelons et se faire remarquer par le Président Zine El Abidine Ben Ali. En 1996, il intègre le gouvernement et ce sept ans seulement après avoir entamé sa carrière professionnelle en Amérique du Nord. Il est nommé à deux reprises secrétaire d'Etat chargé de l'Informatique et, en 2001, secrétaire d'Etat à l'Enseignement supérieur. En novembre 2004, il est ministre des Technologies. Il aura en charge le plus délicat des dossiers : faire réussir le Sommet mondial pour la Société de l'Information (SMSI) dont la deuxième phase s'est déroulé en novembre 2005 à Tunis. Ouaïli prit alors son bâton de pèlerin pour un tour du monde. Asie, Amérique du Nord, Afrique profonde et Europe pour « vendre » le sommet. Mission réussie. Le SMSI, on en parle encore aujourd'hui. Il faut dire que son carnet d'adresses est assez rempli, ce qui joue en pareils événements, un rôle fondamental pour la réussite de tout événement. Il a en effet su faire jouer ses relations créées lorsqu'il était chercheur à Ottawa (Canada) et étudiant à l'Université de Los Angeles (Californie) d'où il a décroché un phd en télécommunications et en ingénierie avant un doctorat en mathématiques de l'Université tunisienne. Comme tout un chacun, il connut également des échecs. Le sien, c'est sa candidature au secrétariat général de l'UIT. Lui manquait-il le savoir-faire et l'expérience nécessaire du monde diplomatique pour réussir cette élection ? Possible. Toujours est-il que l'échec ne l'a pas du tout freiné. Quelques mois après, en novembre dernier exactement, il est désigné au poste d'ambassadeur de Tunisie à Rome. Chassez le naturel, il revient au galop. Le voilà de nouveau au pays pour servir encore une fois le secteur des technologies en tant que PDG de Tunisie Telecom, premier opérateur du pays en termes de nombre d'abonnés, de chiffre d'affaires ou d'avance technologique. Mission délicate pour un poste dont le titulaire, pour ses deux prédécesseurs, a été avant ou par la suite membre du gouvernement. Principaux dossiers à mener : hisser l'ADSL vers des débits supérieurs comme en Europe, la téléphonie sur IP, la 3G, etc. Le défi principal sera cependant de piloter l'opérateur dans la nouvelle configuration du paysage technologique tunisien. Tunisie Telecom aura à céder 16% de son capital au partenaire stratégique émirati, devra affronter un concurrent dans le réseau fixe pour la première fois de son histoire, céder des licences à des opérateurs alternatifs et, plus tard, affronter un deuxième voire un troisième opérateur GSM privé. Un véritable challenge pour une machine qui tourne avec 8.000 salariés et qui n'a pas que des compétences en son sein.