Des gérants des centres d'appels implantés en Tunisie ont exposé au cours d'un séminaire d'information tenu jeudi au siège du gouvernorat de Tunis leurs doléances et leurs propositions pour développer ce secteur à forte employabilité. Il en ressort que les patrons des plateformes de relation-client par téléphone se plaignent en premier lieu d'une « pénurie » de téléopérateurs maîtrisant les langues étrangères parmi les jeunes fraîchement débarqués de l'université. «Notre premier souci est la pénurie de jeunes diplômés de l'enseignement supérieur maîtrisant parfaitement la langue de Molière », a indiqué Ridha Ben Abdessalem, président de la chambre syndicale des centres d'appels rattachée à l'UTICA. Pour résoudre ce problème, le responsable patronal a proposé la création d'une filière universitaire spécialisée dans la formation des téléopérateurs pour les centres d'appel. D'autant plus que l'unique centre sectoriel de formation spécialisé dans ce domaine basé à Gammarth ne répond pas, selon lui, aux besoins précis des professionnels. M. ben Abdessalem s'est également plaint du manque des espaces équipés en moyens de télécommunications modernes pour ce genre d'activités. Autre doléance évoquée par les gérants des centres d'appels : le taux de « turn-over » (cessation volontaire et subite de travail souvent inexpliquée) qui caractérise le secteur. Les téléopérateurs perçoivent souvent le travail dans un centre d'appel comme une activité provisoire ou encore un job d'été. Ces points risquent, selon les professionnels du secteur, d' « amputer la compétitivité » de la Tunisie engagée depuis quelques années dans une bataille avec le Maroc pour capter les centres d'appels européens souhaitant délocaliser dans les pays à bas coûts. Avec plus de 170 centres d'appels employant quelque 14.000 personnes, la Tunisie est devenue une destination privilégiée des centres d'appels européens dans la zone euro-méditerranéenne et un concurrent sérieux du Maroc qui vient en tête des pays du Maghreb dans ce domaine. Selon le ministère tunisien des Technologies de l'information et de la Communication, le secteur suscite un engouement sans précédent aussi bien auprès des jeunes promoteurs tunisiens que de la part des investisseurs étrangers séduits par une main d'uvre bon marché formée majoritairement de diplômés de l'enseignement supérieur. Pour attirer le centres d'appels européens, les autorités tunisiens offrent aux investisseurs étrangers des tarifs de communications réduits ou identiques à ceux pratiqués dans leurs pays d'origine.