L'un s'appelle Fethi Hachicha, l'autre Abdelwaheb Ben Ayed. Le premier est le patron d'Electrostar, le second est le patron de Poulina Group Holding. L'Histoire retiendra ces deux noms pour avoir été les premiers chefs d'entreprises en Tunisie à communiquer publiquement leur salaire. L'un et l'autre ont fait preuve de zèle en publiant ce salaire en vertu d'une nouvelle loi qui ne devient obligatoire, pourtant, qu'à partir de l'année prochaine. Ils n'ont rien à cacher et ils ont estimé qu'il était de leur devoir de faire preuve de transparence à l'égard de leurs actionnaires. Le marché ne les a pas récompensés et l'action d'Electrostar ou de Poulina n'a pas grimpé en bourse, suite à cet excès de zèle. En Tunisie, il semblerait qu'on n'aime pas la transparence, notamment lorsqu'il s'agit de questions d'argent. C'est pourquoi, le reste des chefs d'entreprises continuent à refuser de communiquer leur salaire puisque la loi ne les y oblige pas encore. Peut-être qu'ils ont quelque chose à cacher, peut-être qu'ils n'en ont pas. Toujours est-il que la transparence, ils n'en veulent pas. Mais qu'ils le veuillent ou non, il y a une loi et ils seront obligés de l'appliquer. Lui, c'est un patron de banque. Celui-là, il n'aime pas la transparence. On en est certain. C'est tout à son honneur qu'un banquier n'aime pas la transparence. Imaginez ce que serait la Suisse, le Liechtenstein ou Monaco si les banquiers aimaient la transparence ! Pour cultiver son désamour de la transparence, ce banquier a interdit l'accès aux journalistes à l'Assemblée générale de l'une de ses filiales. La loi est de son côté. Pour accéder à l'AG, une seule option : acheter dix actions de ladite société. Tant pis si les journalistes ne roulent pas sur l'or, le peu de moyens qu'ils ont, ils achèteront avec ces dix actions pour cultiver leur amour de la transparence. Que notre banquier le veuille ou non, il y a une loi qui autorise l'accès aux AG des possesseurs de dix actions qu'ils soient journalistes ou chômeurs. Et là, il sera obligé de l'appliquer. Un de nos lecteurs a réagi à la publication du salaire de Abdelwaheb Ben Ayed en nous taxant de voyeurisme. Un autre estime que nous sommes en train de faire des articles people et un autre s'interroge s'il n'y a pas de choses plus intéressantes à couvrir. Question : puisqu'ils déconsidèrent le people et qu'ils considèrent ces articles comme tels, pourquoi les lisent-ils alors ? A remarquer que les pays développés ont dépassé, depuis un bon bout de temps, ce complexe de l'argent et de combien tu gagnes, et que les salaires des managers sont affichés dans les plus grands journaux spécialisés et non dans les journaux people. Il est du droit de l'actionnaire d'une entreprise de savoir combien "il paie" le directeur de cette entreprise. Si la Tunisie n'est pas à la traîne en la matière, il est bon de rappeler qu'elle n'est pas à l'avant-garde non plus. Le législateur, avec ce fameux nouvel article 200 du code des sociétés commerciales, veut hisser le pays vers le haut, connaissant parfaitement les vertus multiples et illimitées de la transparence. Que ceux qui pensent le contraire arrêtent de nous tirer vers le bas ! La semaine dernière, c'était le deadline pour le dépôt des candidatures pour la 3ème licence de téléphonie en Tunisie. Deux consortiums ont déposé leur candidature. Un communiqué officiel du ministère indique que c'est France Télécom et Turkcell qui ont déposé leur candidature en partenariat avec des entreprises et investisseurs tunisiens. Question : C'est qui ces investisseurs ? Ne portent-ils pas de noms ? Pourquoi donc le ministère a-t-il opté pour donner la moitié d'une information ? Pourquoi choisit-il de citer les noms des étrangers et refuse-t-il de donner ceux des Tunisiens, alors que ce sont les Tunisiens qui vont être actionnaires majoritaires du consortium ? Il est vrai qu'il n'y a pas de loi qui l'y oblige. Ça viendra