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Pour sombrer dans l'Inoubli
Publié dans Business News le 16 - 11 - 2009

Il s'appelle Ahmed Inoubli et il est secrétaire général de l'Union Démocratique Unioniste (UDU). L'UDU est un parti politique tunisien et d'opposition de surcroît.
L'Inoubli était candidat à la dernière élection présidentielle et a obtenu 179.726 voix représentant 3,80% du nombre total des suffrages exprimés. Sa particularité, comme celle de son parti, est la défense de l' "arabité" de la Tunisie. Vision fort restreinte de la Tunisie dont l'Histoire remonte à plus de trois millénaires, soit bien avant l'arrivée des Arabes dans nos contrées. Passons. Chacun est libre de ses opinions…
Parmi les idées phares de son programme électoral, on pouvait retenir celle-ci : la France doit des excuses officielles et des réparations à la Tunisie pour sa politique coloniale du temps du Protectorat (1881-1956). « Pour la mémoire des hommes et des femmes qui ont sacrifié leur vie pour cette terre, nous demandons à la France de s'excuser et de compenser le pillage de ce pays durant la colonisation », dit-il. Il évoque même une démarche "officielle" en ce sens, sans nous indiquer qui l'a mandaté pour aller démarcher en notre nom.
Telle idée aurait pu figurer dans le bêtisier de l'année. Ce ne sera pourtant pas le cas. Bien au contraire, elle risque même de faire florès. Elle est déjà l'objet de débats dans certains journaux entre analystes politiques et militants de partis de l'opposition.
Puisque l'idée n'a pas figuré dans le bêtisier de l'année et qu'elle risque de faire florès, elle mérite qu'on y planche un peu.
En ces temps de crise, il ne faudrait pas tourner le dos à des thunes que le pays pourrait obtenir au nom du passé dont certains veulent faire table rase.
Mais pourquoi c'est à la France seulement qu'on ira demander des dommages et intérêts, des réparations et des excuses ? Ce territoire qu'on appelle la Tunisie n'a pas été envahi par la France uniquement.
On pourrait faire la même demande aux Turcs, dignes héritiers des Ottomans ! Ils ont bel et bien envahi la Tunisie à une certaine époque et ne nous ont pas laissé que des chéchias et quelques mausolées. Ils étaient, certes, appelés à la rescousse par les Hafsides pour déloger les Espagnols, mais ils en avaient profité pour s'installer et imposer leur hégémonie avec tout ce que cela impliquait comme torts et préjudices aux autochtones.
Dans le même ordre chronologique décroissant, allons demander aux Egyptiens de réparer les dégâts pour avoir déversé les hordes hilaliennes vers la verte Ifriqia. Et pourquoi en rester là… On devrait demander des réparations à Charles V… Il a sûrement fait quelques forfaits dans notre pays…
Mais là où l'on peut tirer le jackpot, c'est en exigeant des excuses et des réparations aux Arabes. Le "fath" arabo-islamique n'est-il pas, dans son essence, une sorte de colonisation ? Nos manuels scolaires et autres livres d'histoire sont prolifiques en "hauts faits de résistance" héroïque de la reine berbère Kahena (une des premières féministes du monde). Ne mérite-t-elle pas, alors, bien des excuses ?
Sans aller jusqu'à comparer les Berbères aux Irakiens et les Hilaliens arabes, à l'époque, aux Américains actuels, il est bon de rappeler que l'Histoire a été toujours écrite par les vainqueurs. Une Histoire qui ne nie pas que les Hilaliens ont été les principaux arabisants du pays, mais qui lui ont causé aussi les plus graves dommages.
Depuis le temps qu'ils sont là, la note devrait être lourde. L'empreinte qu'ils ont laissée dans le pays est tellement profonde d'ailleurs qu'on nous répète partout qu'on est arabes, alors que nous le sommes depuis 13 siècles "seulement".
Et notre Inoubli national semble avoir oublié que la Tunisie c'est trois millénaires d'Histoire, qu'elle est arabe, certes en bonne partie, mais qu'elle n'est pas arabe uniquement.
Et si son idée fait mouche ? Les Espagnols pourraient le plagier en nous réclamant des excuses et des dédommagements !
Plus sérieusement, ce sont nos trois millénaires d'Histoire qui font de nous des Tunisiens. Et par Tunisiens, il faut entendre Méditerranéens, Africains, Arabes, Francophones et j'en passe. C'est ce melting pot qui a fait de nous ce que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts.
En dépit de tout le mal qu'ils ont fait, les ex conquérants ont laissé des traces et une culture qui font de la Tunisie ce qu'elle est. Sans défendre le fait colonisateur, la colonisation n'est pas toujours négative à mille pour cent… Il a comporté des avantages… Payés au prix fort, certes, mais des avantages quand même.
Soyons sérieux. Le colonialisme est une plaie, c'est évident. Mais « si nous avions été colonisés, c'est que nous étions colonisables », disait feu Bourguiba… De son temps, le leader défunt avait rapidement réglé cette histoire d'excuses en tournant la page pour pouvoir évoluer.
Son successeur, Zine El Abidine Ben Ali, a poursuivi le combat pour l'essor du pays, pour sa modernisation. Il ne s'est pas arrêté au passé pour avancer.
Qu'Ahmed Inoubli essaie de trouver un sujet pour exister, pour qu'on parle de lui, c'est légitime.
Quand on n'a que 3,8% de voix dans une présidentielle, c'est normal qu'on essaie de se faire entendre par n'importe quel moyen.
Quand on a, face à soi un parti, ayant deux millions d'adhérents, un programme clair et ambitieux, c'est normal qu'on cherche à pincer certaines cordes patriotiques pour se faire voir. Qu'on essaie de couper l'herbe sous le pied de tous ceux qui marquent une sensibilité différente à sa vision.
Il l'a déjà fait (du moins son canard d'El Watan) il y a quelques années en s'attaquant à des hard-rockers tunisiens qualifiant leur musique de satanique.
Mais qu'on se la joue sur le mode de « l'Arabitude » à tout va, c'est fort du bouchon…
Là, il aborde un sujet nettement plus délicat en profitant d'un timing particulier : une attaque médiatique de la part d'une presse française ne comprenant pas vraiment le pays dont les spécificités ne ressemblent ni à celles des pays occidentaux, ni des pays orientaux.
Qu'Inoubli ait des idées saugrenues pour ne pas sombrer dans l'oubli, c'est son droit.
Mais qu'il parle en notre nom en réclamant des "démarches officielles", personne ne l'a mandaté pour cette mission. Et son idée de dédommagement n'aurait pas dû dépasser le programme électoral d'un parti qui défend une arabité fort restrictive, exiguë, monocorde, plate et, par certains côtés, idiote, pour un pays intelligent et possédant une si riche Histoire. La Tunisie est nettement plus grande que cela. La Tunisie est le brassage d'une multitude de cultures et de civilisations … Et ça ne s'oublie pas…


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