Il est des personnes qui sont ainsi. Elles ont beau occuper la première place de leur secteur, elles demeurent insatisfaites et cherchent à obtenir davantage. Et qu'est-ce qu'on peut obtenir de plus lorsqu'on est déjà les meilleurs ? A la BIAT, on a trouvé la réponse. Alors que les actionnaires de référence sont en train d'asseoir de plus en plus leur position, en augmentant les parts détenues dans le capital, le management s'offre de nouveaux défis. Après avoir dépassé ses propres prévisions, lesquelles étaient déjà ambitieuses, voilà qu'il annonce maintenant vouloir creuser l'écart avec la concurrence. Quant à sa fusion avec d'autres entités, M. Ladjimi répond qu'un mariage est difficilement concevable et que seuls les mariages d'amour durent. Encore faut-il trouver l'âme sur. Les chiffres sont têtus et parlent d'eux-mêmes. Certains dirigeants de banques ont beau essayer de leur donner une interprétation meilleure qu'ils en ont l'air, rien n'y fait, leurs manigances tombent rapidement à l'eau dès lors que ces chiffres sont confrontés à ceux de la concurrence. Et celui qui semble le plus déranger ses pairs, par ses résultats, c'est bel et bien Slaheddine Ladjimi, directeur général de la BIAT, dont les résultats sont, d'une année à l'autre, des plus insolents comparés à ceux du secteur dans le pays. Le DG, pourtant, demeure humble et refuse de se laisser comparer à ses concurrents chaque fois qu'on l'y invite. Mais rien n'y fait, les chiffres sont têtus. Et puis, il y a la manière et les formes. Dans une réunion publique, une assemblée générale ou une communication financière, M. Ladjimi prend la peine de répondre une à une aux questions, aussi dérangeantes ou indiscrètes soient-elles. Certains de ses pairs, eux, offrent des réponses vagues, zappent certaines questions ou essaient de prendre les analystes ou les actionnaires pour des idiots avec une langue de bois digne des années 70. Passons. Pour les chiffres, la BIAT, âgée de 34 ans, compte un effectif de 2454 personnes et un portefeuille de 450.000 clients. Elle est la première banque tunisienne en termes de PNB (262,9 millions de dinars), première banque tunisienne en termes de collecte de dépôts (5,311 milliards de dinars), et première banque privée (3ème après les deux banques publiques BNA et STB) en matière d'octroi de crédits (3,825 milliards de dinars). Ceci en termes de valeurs. En termes de croissance, la banque a enregistré une hausse de 15,3% de dépôts clientèle, une évolution de 9,7% des crédits clientèle et une augmentation de 10,1% du PNB. Le chiffre qui intéresse le plus les actionnaires est cependant celui du résultat net qui s'apprécie de 33,2% à 60,1 millions de dinars et une probable distribution de dividendes dont la valeur pourrait être le double de celle de l'année dernière. Comment expliquer ces résultats dans une conjoncture internationale des plus moroses ? A entendre Slaheddine Ladjimi, ces résultats auraient pu être nettement meilleurs si ce n'était la baisse des taux du marché monétaire et la baisse des taux de change de l'euro. Bon à indiquer, la BIAT détient 25% de l'ensemble des placements de devises en Tunisie ! En dépit de ces deux aléas, la BIAT a réussi à s'en sortir et ceci grâce aux résultats du plan de transformation enclenché par le management. On y voit là la touche de M. Ladjimi, mais aussi du Groupe Mabrouk, actionnaire à 40% de la banque. Bon à rappeler que l'année 2009 a vu la nomination d'Ismaïl Mabrouk à la tête du conseil d'administration. La touche de M. Mabrouk, qui passe une bonne partie de ses journées à la banque, est bien visible selon certains observateurs. Ce plan de transformation a donc commencé à porter ses fruits et nous n'en sommes là qu'au début. Selon M. Ladjimi, la banque serait en avance sur son calendrier initial et n'attendait pas de si tôt, ces bons résultats. Le meilleur reste à venir puisque les prévisions du plan s'étalent jusqu'en 2012. Un schéma directeur de marketing a été défini (et Internet y figure, contrairement à d'autres banques qui demeurent encore frileuses au web), ainsi qu'un plan de segmentation de la clientèle. Sahbi Ben Aïssa, DGA de la banque, ajoutera une couche et indique que la politique risque de la banque a également rapidement porté ses fruits avec une meilleure efficacité opérationnelle. Cette politique risque, qui tient compte de 13 critères parmi lesquels le secteur d'activités du client, ses relations avec la banque, ses impayés A partir d'une certaine notation, la banque sait à l'avance où elle pourrait aller avec un client et ajuster, ainsi, son taux d'intérêt lors de l'octroi d'un crédit. Au niveau du personnel, l'un des mieux rémunérés de la place, on a fait de telle sorte qu'il travaille d'une manière plus efficace. Le DG de la BIAT ne le nie pas, son objectif est clair, net et précis : « Nous sommes leaders et nous cherchons maintenant à creuser l'écart avec la concurrence. Nous sommes capables d'être les champions du privé.» Quid de l'avenir ? Sur le plan du bénéfice net, Slaheddine Ladjimi indique que ses 60 millions de dinars ne sont ni un palier, ni un plafond, mais une étape. Y aura-t-il une fusion avec une autre banque comme le bon sens pourrait le suggérer ? « Nous voulons d'abord asseoir notre banque, répond le DG. Ensuite, il est difficile d'imaginer qu'il y ait des mariages forcés. Le meilleur mariage est un mariage d'amour, mais il s'agit d'abord de trouver l'âme sur. » Laissant la porte ouverte à de multiples interprétations, M. Ladjimi confirme une analyse que tout le marché partage : la première banque privée en Tunisie a de l'avenir et met tout en uvre pour le concrétiser en joignant les actes aux paroles et la forme au fond ! C'est d'ailleurs son slogan : Gagnons l'avenir, ensemble ! A lire également : Un cheveu UBCI dans la soupe BIAT Crédit photo : Lamine Farhat