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Tunisie Quelle justice pour les "barons" de l'ancien régime ?
Publié dans Business News le 08 - 07 - 2011

En effet, leurs avocats multiplient les déclarations affirmant que les dossiers de leurs clients sont « vides », ne contiennent pas de preuves tangibles et qu'il s'agirait, selon leurs dires, de procès, plutôt, politiques, juste pour satisfaire l'opinion publique.
Il faut dire que les supputations continuent de plus belle en l'absence de la moindre information sur l'instruction de ces affaires. Et après les déclarations aux médias, voilà que des sites web, confectionnés par les proches de ces « barons », voient le jour pour défendre les leurs et passer carrément à l'offensive en clamant leur innocence et défiant, par voie de conséquence, la justice d'apporter les preuves matérielles.
C'est dans ce contexte que la famille de l'ancien ministre de l'intérieur Abdallah Kallel, a mis en ligne un site en son nom pour le défendre contre les accusations judiciaires et politiques dont il fait l'objet, non depuis son arrestation au milieu du mois de mars dernier, mais bien avant. Ce site est globalement bien confectionné avec une bonne visibilité et une grande facilité de navigation d'un lien à un autre. Le fils de l'ancien ministre, spécialiste en informatique doit y être pour beaucoup dans le succès technique du site qui regorge d'articles de presse et d'informations intéressantes bien qu'elles ne soient pas de première main, hormis quelques photos personnelles. Cette initiative, est intéressante à plus d'un titre.
D'abord, que la famille de l'ancien ministre de l'Intérieur décide de se défendre publiquement malgré l'image très négative de Kallel au sein de l'opinion publique, considéré comme l'un des piliers immuables du régime de Ben Ali, un anti démocrate notoire et un tortionnaire, est très courageux. Dans cette période d'effervescence il faut dire, on a vu d'autres familles d'anciens responsables du régime Ben Ali se terrer comme s'il y avait des choses à taire. Les familles Kallel, Abdallah, Zouari et Seriati actives elles aussi, constituent l'exception.
Mais l'élan de solidarité familiale n'est pas un gage de vérité. Le site de Abdallah Kallel , en effet, orienté exclusivement pour minimiser le rôle de l'ancien titulaires des portefeuilles de l'Intérieur, de la Défense et de la Justice, ancien conseiller, ancien président du Conseil économique et social et président de la chambre des conseillers, dans la dérive sécuritaire et mafieuse du régime Ben Ali. Il tente de donner une autre image d'Abdallah Kallel, celle d'un haut commis de l'Etat, austère et intègre qui n'a fait que son devoir. Bref, celle d'un homme qui était irréprochable durant ses quarante ans de carrière. Mieux encore, le site présente Abdallah Kallel comme un ministre qui était mécontent des agissements du clan Ben Ali-Chiboub-Trabelsi, qui a tenté de s'y opposer et qui a dû être limogé à deux reprises pour sa "bravoure". Son arrestation au milieu du mois de mars dernier serait le fait d'une magouille de plus contre lui, fomentée par des hommes de l'ombre qui continuent à avoir pignon sur rue après la révolution.
Même si elle peut sembler invraisemblable, nul ne peut contester cette vision des choses. Seule la justice aura à trancher sur les charges qui pèsent sur lui. Pour le moment, elle aura à élucider le rôle d'Abdallah Kallel, en sa qualité de trésorier du RCD, dans les magouilles et malversations financières au sein de l'ancien parti au pouvoir. Sur ce dossier, disons le tout de suite, l'homme pourrait se voir disculpé facilement. On ne connaît chez lui une attraction particulière pour l'argent, son patrimoine immobilier est dérisoire et son austérité légendaire donne de lui une image presque caricaturale du Sfaxien « grippe-sou et radin ».
C'est sur les dossiers plus politiques que sa famille aurait plus de mal à défendre Abdallah Kallel. Sur la question de la torture par exemple instituée en système sous Ben Ali, serait-il suffisant de dire que la torture existait en Tunisie du temps de Bourguiba ou que le ministre de l'Intérieur n'était pas responsable de ce dossier qui était contrôlé directement par Ben Ali à travers les Mohamed Ali Ganzouî, Ezzedine Jenayah, Fraj Gdoura, Mohamed Hlas ou Hassan Abid. Un ministre de l'Intérieur peut-il dire qu'il n'est pas au courant ?
De son côté, la justice, si elle vient à ouvrir ce dossier, elle devrait se baser sur des faits matériels, sur des preuves. Mais surtout, elle se doit d'être juste et équitable dans la mesure que Kallel n'était pas le seul ministre de l'Intérieur, et que si le dossier de la torture doit s'ouvrir pénalement un jour, il devra concerner aussi les autres ministres de l'Intérieur de Ben Ali comme Habib Ammar, Chedli Neffati, Mohamed Jegham, Mohamed Ben Rejeb, Ali Chaouch, Abdallah Kaâbi, Hédi Mhenni, sans oublier Rafik Haj Kacem et Ahmed Friaâ.
Mais ce qui est vrai pour Abdallah Kallel est vrai aussi pour d'autres anciens hauts responsables du régime Ben Ali actuellement incarcérés eux aussi. Il s'agit notamment d'Abdelaziz Ben Dhia, d'Abdelwaheb Abdallah et d'Abderrahim Zouari. Ils ont été les piliers de l'ancien système sans discontinuité. Ils ont accompagné Ben Ali dans toutes ses dérives et ont défendu jusqu'au dernier jour son régime. Aujourd'hui, ces anciens barons sont emprisonnés avec des dossiers vides aux dires de leurs avocats. Notre justice est-elle mal outillée à ce point ?
En fait, la justice ne peut intervenir que dans son champ d'action, c'est-à-dire sur des faits condamnables juridiquement. Or, le problème des barons de l'ancien régime c'est qu'ils peuvent avoir les moyens de ne pas laisser de traces matérielles qui les condamnent. Ils peuvent aussi trouver dans un système de directives orales, installé durant des années, un paravent derrière lequel ils peuvent se cacher aujourd'hui.
La responsabilité politique des ténors du régime de Ben Ali est évidente. Elle ne se traite malheureusement pas dans les salles d'un tribunal mais dans l'espace public à travers un débat politique argumenté et pluriel. Essayer d'escamoter ce débat pour lui donner un aspect juridique pâle avec à la clé des jugements qui sentent l'arrangement et le souci de satisfaire un public assoiffé de vengeance ne sera qu'un simulacre de justice qui ne sert ni le pays, ni la révolution. Sofiene Ben Hamida


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