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Tunisie Quand c'est le ministère de la Culture qui freine le secteur culturel !
Publié dans Business News le 11 - 01 - 2013

A un moment où la vie politique et les soucis économiques et sociaux occupent le devant de l'actualité et constituent les principales préoccupations des Tunisiens, la vie culturelle semble sombrer dans la léthargie voire l'agonie. On n'entend presque plus parler d'organisation de spectacles, de festivals, de concerts…
Pire encore, on croit savoir que le budget alloué à la culture, a été réduit de plus de la moitié en terme de pourcentage par rapport à 2010 puisqu'il passe de 1% du budget global à 0,38% selon certains, même si le ministère avance un taux de 63%. Sans oublier qu'il essaie de jouer sur les chiffres en parlant carrément de juste une toute petite baisse de 4,7%. Mais par rapport à … 2012
Cerise sur le gâteau, le ministère de la Culture a publié, cette semaine, un communiqué concernant "les formalités et mesures nécessaires pour l'organisation de spectacles artistiques étrangers en Tunisie", un communiqué selon lequel on réduit le nombre de spectacles et dissuade tout artiste étranger à venir se produire sur nos scènes. Pourquoi nous refermons-nous dans nos coquilles? Serions-nous atteints "d'autisme culturel"?
Commençons par la question budgétaire. Le ministère de la Culture a admis dans une de ses publications que le budget alloué à la Culture s'est vu révisé à la baisse de 179 139 mille dinars en 2012 à 170 735 mille dinars en 2013, soit une baisse de 4,7%. Le ministère précise néanmoins que cette baisse ne touche que le volet du développement, c'est-à-dire la construction et l'équipement des bibliothèques, maisons de culture, centre culturels, conservatoires… Le ministère explique cette baisse par son souci de réalisme et de pragmatisme, notamment avec "l'inflation" en nombre de projets culturels (77 projets en une seule année).
Le chantier de "la cité culturelle" est également remonté à la surface nécessitant l'engagement de nouvelles dépenses, réduites certes, mais assez suffisantes pour la relance des travaux, toujours selon le ministère de la Culture.
En tout état de cause, sur la question budgétaire, le ministère a exprimé son attachement à l'objectif ultime qu'il s'est fixé, à savoir l'atteinte du seuil de 1% du budget national global. En effet, le taux minime de 1% pour la culture, reste malheureusement une revendication et un souhait que le ministère tend à réaliser dans les prochaines années!
Et dire que ce fameux taux de 1% était atteint sous l'ère de Ben Ali.
Par ailleurs, outre les contraintes financières dues au budget limité, la politique culturelle prônée par le pouvoir islamiste en place actuellement, handicape la promotion et l'épanouissement de la culture et des créateurs dans notre pays.
Cette politique remonte déjà à l'époque de Ben Ali, avec notamment la parution du décret n°2009-2197 du 20 juillet 2009 "portant institution d'une commission consultative des spectacles artistiques animés par des étrangers et fixant ses attributions, sa composition, les modalités de son fonctionnement et les procédures poursuivies par cette commission". Ce décret avait alors retreint le champ d'action des artistes et plus généralement des professionnels du spectacle.
Mais avec l'avènement de la révolution, on pensait que ces "pratiques" allaient s'estomper, ou même être révoquées. Qu'on se détrompe, elles ont repris de plus belle!
Le dernier communiqué en date publié par le ministère de la Culture tend vraisemblablement à réincarner ces choix politiques et à étouffer, à nouveau, le monde du spectacle. Rappelant le décret cité ci-haut, le communiqué ministériel le réactive et précise les composantes des dossiers relatifs aux spectacles avec des artistiques étrangers, les procédures d'octroi des autorisations et les délais du lancement des opérations de publicité. La tâche s'avère alors extrêmement difficile, compliquée et lente.
Le comédien et historien Raja Farhat a, d'ailleurs tout de suite, réagi en affirmant : "Dans un communiqué administratif digne de la bureaucratie soviétique des années soixante, notre ministère de la Culture vient tout simplement de rendre pratiquement impossible l'organisation de spectacles avec des artistes étrangers! Une lourde liste de conditions et de documents, un agenda de trente jours et l'attente de la réunion d'une commission pour statuer sans décider.....Imaginons que les pays arabes et européens ripostent par la réciprocité : plus aucun artiste tunisien ne pourra travailler!".
M. Farhat a également affirmé à Business News que "d'ores et déjà le secteur est souffrant, alors pourquoi rendons-nous la vie aux artistes encore plus difficile?!" Il a ajouté : "Ce que je ne comprends pas c'est qu'on s'obstine à refuser de considérer le travail artistique comme étant une prestation de services. Si une société commerciale de n'importe quel secteur fait appel à un technicien, ingénieur ou expert de l'étranger, elle n'est certainement pas dans l'obligation de restreindre ou de conditionner l'activité de ce collaborateur. Alors pourquoi dans le monde de l'art, les choses sont différentes ?"
Le ministère de la Culture veut, selon des professionnels du monde du spectacle, avoir la mainmise sur le secteur en réactivant les textes légaux et en les appliquant stricto sensu. "Le ministère reste juge et partie et veut être l'unique organisateur de spectacles en Tunisie puisque c'est lui qui donne les autorisations, calcule les taxes et détermine la base de calcul, accorde ou pas des subventions etc..." a-t-on affirmé à ce sujet.
En effet, le ministère de la Culture, imposant sa propre gouvernance, écrase l'initiative privée, notamment avec l'imposition de taxes exorbitantes pour certains d'un côté et la création d'échappatoires fiscaux "pour leurs protégés", de l'autre côté, nous a-t-on même confié.
Rappelons que le Syndicat Tunisien Libre des Organisateurs de Spectacles (STLOS), créé en juillet 2011 avait publié un rapport en décembre 2011 dans lequel, il dénonçait déjà "la concurrence déloyale du ministère de la Culture", l'obstruction à la libre entreprise, la lenteur du traitement des dossiers, le manque de transparence et le favoritisme envers certains producteurs".
On a même affirmé que « les réflexes du passé sont toujours présents et malheureusement ce sont les professionnels tunisiens qui en subissent les conséquences et les désagréments".
Le STLOS avait également présenté ses revendications et recommandations qui stipulaient essentiellement "l'assainissement et la professionnalisation du secteur, la suppression de la commission consultative… Le syndicat avait même appelé à la création d'une "fiscalité adaptée aux échanges et à l'ouverture au monde".
"La sur-taxation des spectacles et des artistes étrangers, exorbitante et pénalisante, était conçue avant tout comme un outil discriminatoire et sélectif, au bénéfice des quelques privilégiés qui en étaient exonérés. Cette mesure est pourtant toujours en vigueur; elle handicape la création et le développement de manifestations internationales, freine l'ouverture au monde, empêche les effets de stimulation de la création artistique locale; elle fait obstacle enfin à l'animation touristique dans le pays", précise-t-on dans ce rapport.
Le syndicat avait alors scandé: "C'est le statu quo ante et il devient urgentissime de prendre les mesures qui s'imposent pour redresser la situation et permettre aux professionnels de retrouver une activité normale et gérer leurs entreprises de façon viable après cette longue crise qui ne les a pas épargnés".
En réponse, le ministère de la Culture n'a pas trouvé mieux, en ce mois de janvier 2013, que de rappeler les artistes et les producteurs à l'ordre en leur rafraîchissant la mémoire et en réactualisant le décret, pourtant controversé et datant de juillet 2009. Les messages adressés par le syndicat et plusieurs artistes et professionnels du secteur sont ainsi tombés dans l'oreille d'un sourd!
A constater enfin que le chemin pour un musicien ou comédien étrangers vers les scènes tunisiennes reste pavé de difficultés. En même temps, les prédicateurs sont accueillis dans notre pays à bras ouverts, sans contrainte aucune.


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