Le népotisme gangrène l'industrie culturelle. C'est du moins ce qu'avancent les professionnels et le syndicat des producteurs. Premier éclairage avancé par un professionnel : des zones d'ombre existent dans le traitement d'une demande d'organisation d'un concert pour le 11 novembre au profit de la Fondation Mo Ibrahim. Premier élément douteux de l'affaire, selon notre témoin, l'équipe du Premier ministre a failli à son devoir de réserve en faisant l'entremise entre la fondation et une société d'événementiel locale. Deuxième élément troublant de l'affaire : les textes de loi ont été contorsionnés pour faire de cet événement une manifestation intégrant les échanges culturels, considère ce professionnel. Une condition préalable pour bénéficier de l'étiquette « échange culturel » est qu'une ambassade saisisse officiellement le ministère des Affaires étrangères qui, à son tour, doit saisir le ministère de la Culture. Ce qui visiblement n'a pas été le cas. Des interventions de personnalités liées au monde de la culture et représentant « des symboles de l'ancien régime », pour détourner l'événement de sa vocation commerciale auraient été observées. Pour notre professionnel, il n'y a aucun doute, une société non agréée a bénéficié du coup de pouce d'une administration qui n'a pas su rester neutre au détriment » des professionnels du secteur qui subissent encore l'omerta de la culture ». Le Syndicat Tunisien Libre des Organisateurs de Spectacles (STLPOS), quant à lui, las de présenter ses doléances aux autorités de tutelle, en vain, a décidé de s'adresser directement aux partis politiques. Les revendications du syndicat visent à instaurer de nouvelles règles de bonnes gouvernances « alors que les faveurs et les passe-droits se perpétuent jusqu'à ce jour », estiment-ils dans un communiqué. Outre un assainissement et une professionnalisation du secteur, le syndicat réclame, tout simplement, la suppression de la commission mixte. Cette commission en charge des autorisations est, tout bonnement, « une porte ouverte à la censure, à l'arbitraire et à la protection des positions acquises ». Le syndicat appelle, également, à une véritable protection des droits d'auteur, ainsi, qu'à une meilleure adaptation de la fiscalité « aux échanges et à l'ouverture au monde ». On nous explique que la sur-taxation « exorbitante et pénalisante » des artistes et des spectacles étrangers visait à protéger les intérêts de quelques privilégiés. Empêchant, ainsi, le développent de manifestations internationales. Et ne dérogeant pas à la règle, comme dans toutes ses précédentes déclarations, le STLPOS s'en prend aux pouvoirs publics qui jouiraient de trop larges prérogatives. Le ministre de la Culture ne devrait pas avoir vocation à être «organisateur de manifestations et producteur de spectacles mais uniquement encadrer le secteur, selon le syndicat. R.S.