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Marzouki, la tête d'un fonctionnaire, pour un verre de whisky
Publié dans Business News le 03 - 04 - 2013

Un avion qui arrive devant le pavillon présidentiel avec 50 minutes de retard, un verre de whisky qui n'est pas servi, et voilà que Moncef Marzouki demande la tête du Directeur Général de Tunisair Express et sombre dans un accès de paranoïa..Alors que les tunisiens souffrent de la cherté de la vie, le président provisoire ne se prive pas de dépenser l'argent du contribuable sans retenue...9.000 dinars pour les seuls frais de bouche facturés lors de sa virée en Allemagne et 4,65 Milliards pour ses déplacements au cours des neuf premiers mois l'année 2012 selon un document confidentiel accablant de Tunisair. Avec pour seul bilan le dénigrement de l'opposition sur les plateaux de (son supposé employeur ?) Al-Jazeera.
Décidément les scandales touchant au Président tunisien n'en finissent pas !
Pour son troisième voyage à Doha en une année de présidence, Moncef Marzouki a refusé à la dernière minute d'emprunter le Bombardier CRJ 900 qu'il avait utilisé 48 heures plus tôt pour sa dernière virée présidentielle en Allemagne, et pour cause: le CRJ 900, d'habitude utlisé pour les vols domestiques, est un bi-réacteur dont l'autonomie ne dépasse guère trois heures et demie de vol, ce qui nécessiterait une escale technique à mi-chemin de la route TUN-DOH. Question de prestige, et surtout d'ego, c'était plus que ne pouvait souffrir la Présidence de la République.
Rappelons qu'un contrat avec une filiale de Tunisair "Tunisair Express" (alias Seven Air, alias Tuninter) régit les déplacements du Président de la République depuis le début de l'année. Ce contrat prévoit la mise à la disposition de la Présidence du Bombardier CRJ 900 de la filiale de Tunisair (lequel, soit dit en passant, fait l'objet d'une instruction judiciaire pour corruption et versements de pots-de-vins dont le bénéficiaire aurait été l'une des soeurs de Leila Trabelsi). Pourquoi ne pas continuer à utiliser sans soucis (et surtout sans payer !) les deux avions présidentiels de Ben Ali ? Il se trouve que le Boeing BBJ nécessite une révision coûteuse, avec une heure de vol aujourd'hui estimée à 50.000 DNT par Tunisair, alors que l'Airbus 340 est lui immobilisé à Bordeaux, en stockage longue durée.
Pour résoudre le problème de ce vol à réaliser impérativement sans escale, la Présidence a choisi de se rabattre sur un Boeing 737-600 (immatriculation: TSIOM) dont l'heure de vol coûte cependant plus cher que l'heure de vol du Bombardier CRJ. Tunis Air Express a alors exigé, en toute logique, un accord de principe sur le paiement de la différence de prix (25.000 DNT environ). S'en suivent, après tergiversations, "déclenchement" tardif de l'avion et tractage au pavillon d'honneur.. Résultat: l'avion est aligné sur la piste de décollage avec une heure de retard…du jamais vu pour un vol VVVIP !!!
Pendant ce temps, Moncef Marzouki attend impatiemment dans le pavillon présidentiel de l'Aéroport Tunis Al Aouina. Il perd peu à peu son calme et commence à faire les cent pas. Il n'en revient pas: le voilà à la même fonction suprême qu'occupait Ben Ali, dans le pavillon qu'empruntait Ben Ali pour ses voyages, mais il n'a manifestement pas droit aux mêmes égards ni à la même déférence que Ben Ali. Bonté divine !!!
Mais Marzouki n'est manifestement pas au bout de ses peines…Une fois confortablement installé à bord du (petit) Boeing dans un siège étriqué, entouré par ses plus fidèles conseillers, le Président provisoire se voit servir par l'hôtesse de l'air du jus d'orange et quelques cacahuètes. Le voilà qui esquisse un rictus de dédain et d'un revers de la main refuse le jus. Il aurait alors exigé à la place du jus d'orange un verre de son remontant habituel. Mais le whisky est impossible à trouver car le déclenchement de l'avion à la dernière minute a fait que l'équipage n'a pas eu le temps d'embarquer le catering VIP digne de son excellence, surtout qu'il fallait respecter aussi la contrainte de créneau protocolaire d'atterrissage au Qatar !
Moncef Marzouki est désormais persuadé qu'on complote contre lui, surtout lorsque l'un de ses conseillers eut "la très brillante" idée de lui souffler que l'absence de catering VIP était peut-être intentionnelle et que la responsabilité incomberait au Directeur-Général de Tunisair Express, connu pour être un fervent supporter du Club Africain et par ailleurs proche de Slim Riahi. La solidarité clubiste aurait joué à fond d'autant plus que l'animosité entre le Président du club Africain et le Président de la République provisoire, de notoriété publique, battait son plein.
Marzouki ne pouvant tolérer cet affront à sa personne et ce crime de lèse-majesté, sort de ses gonds commence à crier. Il se lève, constate qu'il est dans le champ visuel de Sihem Badi et recommence à crier de plus belle…(un témoin de la scène affirme que la présence de "la favorite présidentielle", dixit Tahar Hamila, aurait fortement contribué à la poussée de testostérone présidentielle…) Le président provisoire aurait saisi son portable et exigé immédiatement du ministre du Transport Abdelkarim Harouni que le responsable de Tunisair Express soit immédiatement démis de ses fonctions. Harouni est un peu dans l'embarras : le responsable en question est un ami personnel et sympathisant d'Ennahda, et les faits qui lui sont reprochés par Marzouki sont un peu ridicules. Harouni aurait-il appelé Ghannouchi sur son portable et en a-t-il informé également le chef du Gouvernement…? Nul ne le sait...En tout cas, les deux hommes forts d'Ennahdha se seraient attardés sur cette affaire lors d'un entretien qui les a réunis par la suite.
Nous voilà revenus non pas au temps de l'Ancien Régime, mais au temps du Sultanat, au temps où les caprices non satisfaits du Souverain, étaient le pire des forfaits et justifiaient des sanctions les plus sévères. On se retrouve ainsi dans le cas de la volonté de punition d'un cadre de direction d'une entreprise publique, non pas en raison des résultats financiers insuffisants de l'entreprise en question, non pas pour quelque scandale auquel il aurait été mêlé, non pas pour des considérations de compétences, mais pour une heure de retard (dont la Présidence assume en partie la responsabilité), et pour un verre de "Bou 3okkez"…Absence, et diète, confirmée par le porte-parole de la Présidence Adnan Mansar sur une radio privée : "sur les presque 6 heures de vol, on ne nous a rien servi, pas même un café!"
Les caprices du Président se sont faits également signaler lors de son dernier vol pour l'Allemagne qui s'était déroulé l'avant-veille et ne précédait celui-ci que de 48 heures. La présidence a exigé à ce qu'un agent catering fasse partie de la délégation présidentielle en plus du responsable de l'exploitation de Tunisair Express. La facture des frais de bouches pour le trajet Tunis-Berlin-Tunis fut lourde: environ 9.000 DNT. Il est clair que la rationalisation des dépenses de l'Etat est encore un concept lointain. Egalement lointain le temps où Marzouki s'exclamait sur Youtube contre la démesure de l'ancien Président Ben Ali. Le nombre de conseillers sans prérogatives claires entourant un Président lui-même sans prérogatives réelles s'en va, en outre, croissant, les frais de bouche au Palais atteignent sous Marzouki un stade faramineux (950 mille DNT). Les frais de déplacement aussi : 4,65 millions de dinars pour les seuls neuf premiers mois de l'année 2012, selon un rapport confidentiel de Tunisair dont on a eu une copie.
Marzouki arrive au Qatar, pour une visite dont le coût logistique est estimé à 160.000 DNT entre vol, hôtel et indemnités d'équipage. Mais que ne ferait pas le Président tunisien pour les beaux yeux de son mentor Hamed Khalifa Al Thani qui entendait "lui apprendre à se tenir et à serrer les mains" ? Marzouki veut à tout prix être l'ami et allié des Qataris. Malheureusement, ceux-ci ne semblent pas vouloir lui accorder cette faveur. Autrement ils n'auraient pas manqué de lui dépêcher un avion ainsi qu'ils avaient fait pour d'autres chefs d'Etat participant à la 24ème session du Sommet Arabe.
Certains membres de la délégation que présidait Marzouki auraient profité de cette visite pour tâter le terrain en quête de très intéressantes opportunités professionnelles en cas de perte des élections, suivant en cela l'exemple d'un très haut fonctionnaire (Ministre ?) auquel Qatar Airways avait promis un poste très intéressant en échange d'un service rendu en tout bien tout honneur.
Une visite du président provisoire qui a été "fort fructueuse". Voyons plutôt. Cette virée du 25 mars serait également liée, selon des sources diplomatiques, au récent déplacement de Slim Ben Hmidène au Qatar (visite privée ?) pour fêter le 20 mars. Le ministre CPR (parti politique de Marzouki) des Domaines de l'Etat aurait eu pour mission un rôle d'éclaireur: tâter le terrain pour voir si Marzouki serait autorisé à parler de l'affaire du poète Mohammed Ibn al-Dheeb à l'Emir Al-Thani..Ce poète a été condamné à 15 ans de prison (pour un poème de 15 vers, soit un an par vers) pour le poème "La Révolution du Jasmin" qui faisait l'éloge du soulèvement qui a porté Marzouki au pouvoir. Excédé par les critiques en Tunisie, Marzouki avait voulu sauver la face et se prévaloir d'une stature de défenseur inébranlable des droits de l'homme en demandant gentiment aux Qataris la clémence pour Al-Dheeb. Les Qataris ont bien-sûr signifié une fin de non recevoir à Slim Ben Hmidane. Marzouki n'a alors pas osé évoquer l'affaire devant le Prince du Qatar...Dépité, et n'osant enfreindre le diktat de son maître de maintien, Marzouki s'en prend alors, depuis le Qatar, à ce qu'il a qualifié "d'opposition laïque extrémiste" tunisienne, provoquant ainsi la colère de beaucoup de tunisiens…
Cette gestion cavalière des deniers publics pourrait trouver son apothéose lors de la très prochaine visite privée de Marzouki en France pour le marketing de son nouveau livre. Au cas où le Président provisoire déciderait à emprunter l'un des avions cités ou de grever le budget de l'Etat pour les besoins de cette nouvelle escapade parisienne privée, on se retrouverait alors bien évidemment dans le cas d'un abus de biens sociaux caractérisé. Accusation à laquelle fait face également Berlusconi, pour assouvir quelques caprices...
*Safwene Grira est un journaliste et chercheur tunisien installé à Paris depuis 2007. Juriste de formation et spécialiste de Droit Constitutionnel, il est Doctorant en Droit Public et travaille sur les libertés fondamentales dans l'histoire constitutionnelle tunisienne.
Il travaille actuellement à France 24. Cet article a été publié sur son blog et repris sur Business News avec son aimable autorisation.


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