Reporters Sans Frontières (RSF) s'est interrogé, dans un communiqué daté du mardi 8 octobre 2013, sur les raisons de l'arrestation, dans la nuit du 20 au 21 septembre 2013, d'un groupe de personnes travaillant sur la réalisation d'un documentaire de Nejib Abidi. Pour l'organisation, il y a certains détails qui demeurent incompréhensibles et étonnants : alors que ces personnes sont accusées de consommation de stupéfiants, quatre disques durs appartenant à Nejib Abidi et Abdallah Yahya ont été confisqués par la police au cours de la perquisition sans qu'aucun procès verbal ne fasse référence à cette saisie. Car, dans le cadre de leur intervention, les forces de police sont mandatées pour saisir les éléments nécessaires à la poursuite des investigations. RSF appelle les autorités judiciaires à libérer les quatre personnes placées en détention préventive et d'entamer, dans les plus brefs délais, une enquête sur la disparition des quatre disques durs. «Les Forces de l'ordre ne sont, en aucun cas, habilitées à s'emparer de disques durs qui sont, par ailleurs, des documents protégés par l'article 11 du nouveau code de la presse», souligne RSF, rappelant son contenu, à savoir : «les sources du journaliste lors de l'accomplissement de ses fonctions et les sources de toutes les personnes qui participent dans la préparation de l'information sont protégées. La confidentialité de ces sources ne peut être mise en cause, directement ou indirectement, qu'en cas de motif urgent lié à la sécurité de l'Etat ou à la défense nationale, et ce sous le contrôle juridictionnel». «La disparition de disques durs contenant les rushs filmés par les documentaristes pose question. Quelque soit la procédure en cours, celle-ci ne permet pas de violer impunément le secret des sources et de saisir du matériel journalistique sans respecter les règles édictées par le code de procédure pénale», note le communiqué de l'organisation. RSF rappelle qu'à l'issue de la période légale de garde à vue, quatre prévenus ont été relâchés alors que Yahya Dridi, Abdallah Yahya, Slim Abida et Mahmoud Ayad ont, quant à eux, été placés en détention préventive à la prison de Mornaguia. L'organisation indique que trois des avocats, Maîtres Koutheir Bouallegue, Ghazi Mrabet et Ramzi Jebabli, ont fait valoir le non-respect de la procédure à plusieurs niveaux, et souligné l'ambiguïté née de la disparition de ces disques durs. «La disparition des rushs laisse planer un doute quant aux raisons qui ont conduit la brigade criminelle à intervenir, nuitamment la loi 52-1992 sur les stupéfiants qui pourrait avoir été instrumentalisée pour subtiliser des documents eux-mêmes protégés par une autre loi», précise Me Mrabet.