La ministre de la Femme et dirigeante du parti présidentiel CPR, Sihem Badi était l'invitée de Hamza Belloumi sur Shems FM, mercredi 8 janvier 2014. Interrogée sur la popularité de son parti, Mme Badi a indiqué que les sondages actuels sont faux et trompeurs et que son parti occupe la troisième place, après le duo Nidaa Tounes et Ennahdha. Peut-être le quatrième, estime-t-elle, en se basant sur les échos qu'elle reçoit auprès de certains jeunes et révolutionnaires qui ne veulent plus du retour de la dictature. Lui rappelant le sondage réalisé dans les cafés évoqué par Mohamed Hnid, directeur de la communication de la présidence, Hamza Belloumi a interrogé la dirigeante CPR si elle est d'accord que Moncef Marzouki est l'homme politique le plus populaire en Tunisie. Et Mme Badi de réitérer ses attaques contre les instituts de sondage et de remettre en doute leur crédibilité, en déclarant qu'elle est certaine que si Moncef Marzouki se représente à la présidentielle, il en sera le vainqueur, car les Tunisiens, dit-elle, voient bien que Marzouki est resté loin de tous les différends politiques actuels et qu'il a été le président de tous les Tunisiens. Concernant l'électorat dans lequel le CPR envisage de puiser, Sihem Badi parle de ces 50% de Tunisiens hésitants qui ne savent pas encore pour qui voter. Hamza Belloumi lui rappelle alors que ce pourcentage de 50% a été cité par ces mêmes instituts de sondage. Et Mme Badi de répliquer : «Non, je pense que le chiffre des indécis est beaucoup plus important ». Interrogée à propos de la Loi de finances 2014, et des manifestations de colère enregistrées un peu partout dans le pays, la ministre a indiqué que c'est la faute aux médias qui n'ont pas bien informé le public des spécificités de ces mesures, de leur bien-fondé et de leur justesse. Rappelons que l'ensemble des instituts de sondage, bien qu'ils soient de tous bords, sont d'accord pour classer Moncef Marzouki et le CPR en dessous de 5%. Ceci ne convainc pas visiblement Mme Badi qui n'hésite pas à remettre en doute des instituts nationaux sérieux qui emploient des centaines de personnes et qui sont crédibles au moins aux yeux de leurs clients. Elle n'explique pas non plus pourquoi aucun institut tunisien ou étranger n'a donné des chiffres favorables à son parti et à son président et pourquoi la présidence est incapable de faire appel à ces instituts pour réaliser un sondage « crédible » et le rendre public. Attirons également l'attention des lecteurs sur cette subtilité linguistique de Sihem Badi qui parle de reconduction et de réélection de Moncef Marzouki, alors que ce dernier n'a jamais été élu au suffrage direct, mais uniquement à la Constituante avec à peine 17.000 voix dans sa région. R.B.H.