Le député d'Ennahdha Néjib Mrad et rapporteur général de la Commission de la réforme administrative et de la lutte contre la corruption au sein de l'Assemblée Nationale Constituante a déclaré lundi 10 mars 2014 sur Shems FM qu'il détient une liste de 126 hommes d'affaires ayant souscrit, à l'époque de l'ancien régime, des crédits bancaires auprès de banques publiques qu'ils n'ont pas remboursés. Néjib Mrad a listé les personnes nommément qualifiant ces hommes d'affaires et ces groupes tunisiens de voleurs ayant pris l'argent du peuple. Et le député de citer Néji Mhiri (Meublatex), Abdelwaheb Ben Ayed (Poulina), Tahar Latrous (Isuzi), Batam, frères Mzab … De prime abord, le député montre clairement qu'il ne connait pas grand-chose au monde tunisien des affaires. Batam ayant fait faillite, il s'agit du groupe Mzabi et non des frères Mzab, il s'agit d'Isuzu et non d'Isuzi… La liste présentée comme une véritable révélation par le député est ancienne et date d'avril 2003. Elle a alors été publiée et largement commentée par des médias tunisiens et la liste comporte 127 groupes et hommes d'affaires et non 126. Elle a été à l'époque éditée par la Banque centrale tunisienne et fuitée dans la presse, afin de cerner les gros crédits souscrits par les banques. Comme tous les PDG de banques l'ont annoncé à l'époque durant leurs assemblées générales, il ne s'agit nullement de crédits accrochés ou de créances douteuses, mais de crédits ordinaires souscrits par les banques à leurs clients et bien couverts par des garanties. En somme, le travail ordinaire de toute banque qui donne des crédits à ses clients. Les montants annoncés par Néjib Mrad sont couverts par des garanties réelles, comme l'ont annoncé ces hommes d'affaires et comme l'ont annoncé les banquiers eux-mêmes. Ces grands groupes emploient des centaines de milliers de personnes, sont pour une partie d'entre eux cotés en bourse et leurs comptes sont passés au peigne fin chaque trimestre par des commissaires aux comptes et par leurs actionnaires. Circulez, il n'y a rien à voir ! La liste est ancienne, tous les montants annoncés par le député sont dépassés et ont été révisés à la hausse ou à la baisse. En aucun cas, ils ne peuvent être justes puisqu'ils datent de plus de dix ans. Et en aucun cas il ne s'agit d'argent du peuple, puisque les crédits en question ont été essentiellement souscrits par des banques privées. A quoi joue le député Néjib Mrad en présentant les plus grands hommes d'affaires tunisiens comme étant des voleurs ayant pris l'argent du peuple ? Pour beaucoup, il parle de choses qu'il ne maîtrise nullement. Auquel cas, il ne fait que porter préjudice à la commission dans laquelle il figure et au parti qu'il représente. Il induit tout le monde en erreur par ses révélations qu'il veut spectaculaires. Il est fort probable que les hommes d'affaires cités par Néjib Mrad intentent des procès contre lui, puisqu'il les a jetés en pâture devant l'opinion publique, les exposant à un danger certain, en cette période trouble. N.B.