La fondation Chokri Belaïd contre la violence a tenu ce mercredi 5 novembre 2014 une conférence de presse à l'hôtel Africa à Tunis à laquelle ont assisté l'avocate Basma Khalfaoui, veuve du martyr, des membres de ladite fondation ainsi que des représentants du comité de défense de Chokri Belaïd. La conférence a porté notamment sur le documentaire consacré à l'assassinat de Chokri Belaïd et diffusé sur la chaine qatarie Al Jazeera. Dans son intervention, Basma Khalfaoui a déclaré que le terrorisme s'est développé en Tunisie « malgré les cris d'alertes lancés par le martyr » a-t-elle rappelé. Le terrorisme, poursuit-elle, a aujourd'hui, des armes, des complices et des médias qui l'appuient et le justifient. Mme Khalfoui indique, à ce propos, que le documentaire d'Al Jazeera sur le meurtre de son époux a suscité une large indignation « J'ai reçu des coups de fils de plusieurs personnalités accusant le film de tromperie et de désinformation. Des partis et des associations ont également exprimé leurs réserves sur le documentaire » a-t-elle dit. De son côté, Ali Kalthoum, membre du comité de défense, présente sa propre analyse du documentaire en pointant du doigt la méthode trompeuse utilisée par le film pour disculper l'islam politique de l'affaire. « On fait appel aux services de Maher Zid, qui prétend être un journaliste d'investigation, pour essayer, d'une part, de faire comprendre que c'est l'ancien régime qui avait été l'auteur cet assassinat. Et tenter, d'autre part, de banaliser l'affaire en l'assimilant à un simple meurtre et ce en faisant allusion à des problèmes de famille qui expliqueraient le meurtre » a-t-il expliqué. Ali Kalthoum a indiqué que le documentaire comporte des infractions à la loi en matière de respect du secret de l'enquête et de l'instruction. Il précise, dans ce contexte, qu'un témoignage livré par un leader de Ansar Chariâa donne des informations sur le meurtrier de Chokri Belaïd, ceci est passible de condamnation car le secret des sources n'est plus valable quand il s'agit de terrorisme. « Le tribunal a décidé d'adresser des accusations fermes contre tous ceux qui ont contribué au meurtre dans l'exécution, la planification ou entravé la justice entre temps » a-t-il ajouté. En réaction à cette divulgation, le groupe de défense a donc décidé de porter plainte contre l'équipe du film et la chaine qui l'a produite ainsi que Maher Zid, a-t-il annoncé. Dans son intervention, Imen Bejaoui, présidente de l'association des jeunes avocats et membre du comité de défense de Chokri Belaïd a remis en question la crédibilité de la chaine qatarie « Ce travail n'a aucun rapport avec le journalisme » a-t-elle dit. Elle a également réitéré son soutien à Basma Khalfaoui ainsi qu'à toute la famille du martyr « On n'abdiquera pas ! On continuera coûte que coûte » a-t-elle souligné. De son côté, Najat, la sœur de Chokri Belaïd a accusé l'avocate Leila Ben Debba de servir les intérêts de certains lobbies qu'elle ne citera pas mais « que vous connaissez » a-t-elle expliqué. «J'étais très proche de mon frère et je sais qu'elle n'jamais été une amie proche de Chokri Belaïd » a-t-elle ajouté. Et de souligner que la famille de Chokri ne cédera jamais « Il faudra qu'ils nous tuent tous jusqu'au dernier » a-t-elle insisté. Une déclaration chargée d'émotion qui a fait pleurer certains présents dans la salle.
