Le dirigeant au CPR Tarek Kahlaoui a adressé hier, 1er juillet 2015, une lettre ouverte au président de la République, Béji Caïd Essebsi, dans laquelle il l'appelle à réactiver les travaux de l'Institut tunisien des Etudes stratégiques (ITES), notamment son unité de recherche spécialisée dans les affaires sécuritaires. « Je m'adresse à vous en votre qualité de président de la République et chef suprême des forces armées et non pas en tant que fondateur d'un parti adversaire ni en tant que candidat adversaire lors de la présidentielle [de 2014]. Ainsi, de part votre fonction, vous êtes concerné par les questions de « sureté nationale ». Pour ma part, je m'adresse à vous non en ma qualité partisane, mais en tant qu'ancien directeur de l'ITES » peut-on lire, en préambule, dans la lettre.
Tarek Kahlaoui indique, ensuite, que depuis sa démission de son poste de directeur général de l'ITES à la fin décembre 2014, six mois sont déjà passés sans qu'un autre directeur ne soit nommé pour le remplacer. « C'est Zouhaier Kadhi qui est actuellement chargé par intérim de la direction administrative de l'institut, selon une mission que vous lui avez confiée », a-t-il écrit. Ce vide à la tête de l'ITES a affecté les travaux de l'institut, en particulier ces unités de recherche.
Le dirigeant au CPR rappelle que pendant la période où il était directeur de l'ITES, celui-ci a été classé premier institut en Tunisie selon le classement international des centres de recherche, publié en 2015 par l'université de Pennsylvanie. « Et ce malgré le budget limité qui nous a été alloué », a-t-il ajouté.
Plusieurs études sur le « salafisme jihadiste » ont été menées au cours de ce mandat. Deux conférences scientifiques ont été organisées dans ce cadre ainsi que la publication d'un ouvrage intitulé « Le salafisme jihadiste en Tunisie : La réalité et les développements ». Aussi l'ITES a contribué, par le biais de l'un de ses chercheurs, à savoir Sami Brahem, à l'élaboration d'un document stratégique comportant les projets et les politiques à adopter en matière de lutte anti-terroriste. « Ce document est une première en Tunisie. Il nous permet de lutter contre le terrorisme sur des bases pratiques et scientifiques », a-t-il souligné, ajoutant que ce document a été remis à Habib Essid au moment de la passation des pouvoirs.
Tarek Kahlaoui déplore dans sa lettre le fait que le chef de l'Etat « ignore » le rôle de cet institut qui est placé sous sa tutelle. Ainsi, il reproche à Béji Caïd Essebsi le fait qu'il ait laissé l'institut sans directeur pendant six mois. « Comme c'est aussi désolant de noter que vous aviez ignoré les propositions contenues dans le document stratégique de lutte contre le terrorisme élaboré en 2014 alors que vous êtes responsable de la sureté nationale. Je ne peux expliquer cela que par des motivations partisanes », a-t-il estimé.
Le principe de continuité de l'Etat et son prestige exigent de ne pas se rabaisser aux querelles partisanes, soutient Tarek Kahlaoui. « C'est contradictoire que votre campagne électorale soit axée sur la lutte contre le terrorisme alors qu'au plan de l'action vous agissez de manière contraire » peut-on lire en substance.