L'ancien membre de Nidaa Tounes, Omar S'habou, avait publié il y a de cela un peu plus d'un mois, une vidéo sur Business News, où il était revenu sur les racines du terrorisme et les raisons de son évolution en Tunisie. A la fin de son intervention, il avait posé la question suivante : Est-il possible de sortir de cette crise avec le gouvernement de bric et de broc actuel, avec une Assemblée pareille et avec l'actuel président de la République ? Question à laquelle il apporte des éléments de réponse dans sa récente intervention du 31 août 2015. Omar S'habou précise qu'il ne parle pas dans son intervention du travail des personnes. D'ailleurs, il estime que certains ministres, font de leur mieux et notamment, le chef du gouvernement, Habib Essid qui se dévoue à la tâche. L'ex membre de Nidaa Tounes indique que son jugement porte sur le gouvernement en tant qu'institution, gouvernement qui, selon Omar S'habou s'est condamné à l'avance à l'échec en n'étant pas construit sur la base d'un programme clair et consensuel.
« Nous nous souvenons de la naissance sous césarienne de ce gouvernement », a-t-il indiqué, ajoutant qu' « un programme devait suivre et huit mois plus tard il n'en est rien » et qu'au sein même des partis, ce désordre commence à être pointé du doigt.
Omar S'habou a souligné que le gouvernement peine à prendre des décisions, évoquant les récentes nominations de quatorze gouverneurs qui ont pris trois semaines et qui se sont soldées par de vives contestations. Des contestations qui concernent notamment le dirigeant d'Ennahdha nommé à Sfax. « Si le gouvernement actuel a du mal à avancer, c'est sans doute à cause de l'alliance bizarre et contre-nature entre Nidaa Tounes et Ennahdha » a-t-il affirmé, précisant qu'il s'agit d' « une alliance qui est en train de conduire l'appareil de l'Etat à une paralysie progressive ».
L'alliance inévitable entre les deux partis, n'est pas aussi inévitable qu'on pourrait le faire croire, estime Omar S'habou qui affirme qu'elle est le résultat d'une affaire conclue entre le président de la République, Béji Caïd Essebssi et le président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi. Un pacte qu'il promet de développer dans une déclaration ultérieure.
Quant à l'Assemblée des représentants du peuple, Omar S'habou estime que le rythme de l'avancement sur des dossiers urgents et vitaux, est d'une lenteur affligeante et ce, par rapport aux attentes et à la conjoncture actuelle.
« 25 lois ont été votées en huis mois » a indiqué l'ancien membre de Nidaa Tounes, « dans les démocraties modèles la moyenne est de cent lois par an » a-t-il précisé. Ce retard concerne des sujets de premier ordre et extrêmement importants et urgents à l'instar de la Cour constitutionnelle, du Conseil supérieur de la magistrature et du projet de loi de réconciliation économique, a indiqué Omar S'habou. Et d'ajouter que les dossiers s'empilent sur le bureau du président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, qui se retrouve complètement dépassé et que « ce rythme et le fait de ne pas trancher sur des projets de lois dans les délais constitutionnels pourrait conduire à une catastrophe et amener au retard des élections municipales ».
Pour finir, Omar S'habou a exprimé sa déception concernant le rendement du président de la République, Béji Caïd Essebssi estimant que le président est loin d'être le leader exceptionnel qui devrait porter la lourde tâche de gérer le pays dans le contexte actuel. « Je croyais pourtant en ses compétences et en ses aptitudes indiscutables » a-t-il indiqué, citant la réaction du président de la République suite à l'attaque terroriste de Sousse. Réaction qu'il juge insuffisante et maladroite. « Instaurer l'état d'urgence et dire devant des millions de téléspectateurs qu'un autre attentat conduirait à l'effondrement de la Tunisie est un discours défaitiste indigne d'un président à la tête d'un pays riche de 3000 ans d'histoire » a précisé Omar S'habou.
Il a, en outre, fait référence au projet de loi de réconciliation économique proposé par le président de la République. Projet de loi qui, selon l'ancien membre de Nidaa Tounes porte mal son nom, puisqu'il est déjà source de contestations, de divisons et qu'il ne fera jamais l'objet d'un consensus national et de l'unanimité populaire. « Si le projet de loi de réconciliation économique ne passe pas, ce serait un échec cuisant et personnel pour Béji Caïd Essebssi qui n'aura pas appris de Bourguiba, à faire machine arrière, comme ce fut le cas pour l'affaire du pain,» a déclaré Omar S'habou.
Il a conclu son intervention en faisant référence aux élections présidentielles. « Les citoyens pensaient qu'ils n'avaient le choix qu'entre Béji Caïd Essebssi et Moncef Marzouki, un homme d'Etat qui présente des lacunes et un homme de droit qui n'est pas un homme d'Etat » a indiqué Omar S'habou, « en réalité un troisième choix était possible ». Choix qu'il promet de révéler dans sa prochaine intervention.