Le général à la retraite Rachid Ammar a réagi, jeudi 5 novembre 2015 dans l'émission le huitième jour de Hamza Belloumi sur la chaîne privée Al Hiwar Ettounsi, aux propos tenus par l'avocat Imed Ben Halima dans cette même émission une semaine auparavant. Le général Ammar a ainsi souligné qu'une partie des données rapportées par l'avocat sont erronées et ouvre une porte pour semer le doute et dévaloriser le rôle important joué par l'armée nationale dans la révolution, du 24 décembre 2010, le premier jour d'intervention de l'armée nationale, jusqu'à la prise du pouvoir par la Constituante. En effet, l'armée s'est engagée dès lors à faire parvenir la révolution à bon port et elle a tenu sa promesse avec la tenue des élections de 2011.
Il s'est interrogé, cependant, sur les raisons motivant ces mises en doute à l'heure actuelle et s'est demandé à qui sert ce genre d'accusations, «une tentative de criminaliser l'armée d'une façon implicite», a-t-il estimé. D'ailleurs, il explique que c'est pour cela qu'il est sorti de son devoir de réserve pour apporter quelques éclaircissements. Pour lui, il y a une volonté claire d'induire en erreur l'opinion publique.
Rachid Ammar a indiqué que lors de la révolution et plus précisément du 17 décembre au 8 mai 2011, 337 victimes sont tombés : parmi elles 86 prisonniers, 14 agents de sécurité et 5 militaires. Pour sa part, l'institution militaire reconnait être à l'origine du décès de 32 personnes, pendant la période du couvre feu sous l'état d'urgence. Le premier est décédé le 14 janvier après le départ de l'ancien président à La Goulette et le dernier est mort le 8 mai 2011 à Soliman, soulignant que tous ces cas ont été portés en justice qui a tranché sur ces différentes affaires.
Interrogé par Mohamed Boughaleb si le pouvoir a été proposé à l'armée, le général Ammar a affirmé que oui. Il a précisé que dans la nuit du 14 janvier au ministère de l'Intérieur en présence de Mohamed Ghannouchi et Ahmed Friaa, on lui a proposé de tenir les rênes de l'Etat pour empêcher Ennahdha d'accéder au pouvoir, chose qu'il a refusé, voulant démocratie et liberté pour son pays. Il a également indiqué qu'avant le meurtre de Chokri Belaïd en pleine crise politique, il avait déjà proposé au chef du gouvernement Hamadi Jebali un gouvernement apolitique de technocrates, qui était selon lui la meilleure solution, mais ce dernier n'avait pas trouvé le soutien nécessaire.
«L'Institution militaire est une fierté pour la Tunisie, j'appelle donc à la soutenir pour qu'elle poursuive son devoir de défendre la Tunisie, de sécuriser son territoire et lutter contre le terrorisme», a conclu Rachid Ammar.