0,3g/l d'alcoolémie sont désormais tolérés par la loi tunisienne au volant, contre 0,5 précédemment autorisés. Un taux carrément nul pour les jeunes conducteurs, les conducteurs de poids-lourds, de véhicules publics et touristiques et les moniteurs d'auto-école. La Tunisie, pays où le nombre d'accidents de la route dû à des conduites en état d'ivresse atteint des records, tente d'appliquer les standards mondiaux en la matière en se rapprochant de la tolérance zéro. Le dernier JORT (Journal officiel de la République tunisienne), rendu public le 8 mars, annonce un nouveau décret gouvernemental publié en date du 1er mars courant, qui amende celui du 24 janvier 2000 relatif à la conduite sous l'empire de l'alcool. Aux termes de ce nouveau décret, le taux d'alcoolémie autorisé au volant devra être inférieur à 0.3gr/l. Ce taux a été ainsi revu à la baisse, après avoir été de 0,5gr/l. Une exception est prévue concernant les conducteurs débutants (qui ont obtenu leurs permis de conduire depuis moins de 2 ans), les conducteurs de poids lourds de transport de marchandises, les conducteurs de véhicules de transport collectif (de plus de 8 sièges sans compter le conducteur), les conducteurs des véhicules de transport public, les conducteurs de véhicules de transport touristique, les moniteurs des auto-écoles dans l'exercice de leur fonction, auxquels ont appliqué la tolérance zéro.
Selon les chiffres de 2014, donnés par l'ancien ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli lors de la 9e session du conseil national de la sécurité routière, 1565 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de la route et près de 12.000 blessés ont été enregistrés. Un chiffre en hausse par rapport à l'année précédente qui a enregistré 1505 cas de décès. Selon l'observatoire national de sécurité routière, qui a établi ces chiffres, l'excès de vitesse mais aussi la consommation d'alcool au volant, restent les premières causes de mortalité sur la route en Tunisie.
En effet, la Tunisie serait à la tête des pays enregistrant le plus important taux de victimes de la route, selon Imed Touil, membre du bureau exécutif de l'Association Tunisienne de Prévention Routière (ATPR). Ce dernier affirme que le plus grand nombre d'accidents est enregistré en été et plus particulièrement aux mois de juillet et d'août, mois durant lesquels les Tunisiens sortent le plus…donc consomment plus d'alcool.
Nul ne l'ignore, la conduite en état d'ivresse est lourde de conséquences, non seulement pour la sécurité du conducteur mais aussi celle des passagers du véhicule et des autres usagers de la route. Dans les faits, 0,3 gr d'alcool dans le sang équivaudraient à la consommation d'un verre d'alcool environ. Mais ceci reste tributaire du type d'alcool consommé ainsi que de la corpulence, de l'âge et du sexe du consommateur. Concrètement, ce seuil de 0,3 g/l a été choisi pour une raison toute simple. S'il avoisine le taux zéro sans l'atteindre, il permet cependant une certaine marge. En effet, une consommation d'alcool la veille permet de garder quelques traces dans le sang. L'alcool n'étant pas totalement éliminé quelques heures après, il est possible d'être sobre mais d'être dépisté positif à cause d'une consommation qui date de quelques heures. Les dépistages des conducteurs peuvent être pratiqués par les forces de l'ordre lors d'infractions du code de la route ou alors lors d'un accident de la circulation, même si le conducteur n'est pas directement responsable. Au-delà de 0,3 grammes d'alcool par litre de sang, le conducteur encourt de lourdes sanctions légales. En effet, un conducteur dépisté positif à un alcotest risque une amende de 200 à 500 DT ainsi qu'une peine de 6 mois de prison au maximum. A noter, par ailleurs, que selon le code de la route, le conducteur risque le retrait de son permis de conduire, en cas de conduite en état d'ébriété ou s'il refuse de se soumettre à un alcotest.
Mais cette mesure vise avant et surtout à protéger les utilisateurs de la route et envoyant un message très clair: pas d'alcool au volant ! Il est à rappeler que selon les chiffres avancés par l'ATPR, les accidents de la route engendreraient pour l'Etat tunisien près de 700 millions de dinars de perte chaque année.
A travers cette mesure, destinée avant tout aux jeunes, la Tunisie se situe parmi les pays les plus stricts en termes d'alcool au volant. En France, par exemple, ce taux est de 0,5 g/l et de 0,2 g/l pour les jeunes conducteurs. Les pays voisins, comme l'Algérie et le Maroc sont, quant à eux, plus stricts encore, appliquant, respectivement, 0,25 g/l et de 0,2 g/l.