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Loi 52: une jeunesse en pėtard
Publié dans Business News le 10 - 04 - 2016

Militer pour la révision d'une loi sur la consommation de drogue, n'est pas une entreprise facile, d'autant plus que les efforts pour abroger cette loi, jugée liberticide, semblent timides et manquer de réelle volonté de trancher sur la question. A chaque arrestation d'une « célébrité » en vertu de la loi 52 toute la toile s'enflamme, les campagnes foisonnent et les hashtags inondent le web, une fois les « stars » libérées les choses se calment et le projet relatif à l'abrogation de la loi 52 retourne à sa longue léthargie laissant ainsi cette épée de Damoclès pendre au dessus de la tête de ceux de qui la tête ne revient pas.

Voila deux ans que la loi 52 est au centre de toutes les attentions et constitue une cause commune à nombreuses associations militant pour les droits de l'Homme. Lors d'un Conseil des ministres, présidé par le chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, en décembre, le projet sur la loi 52 consécutive à la consommation des stupéfiants a été évoqué.

Béji Caïd Essebsi avait rappelé sa promesse de réviser la loi 52, tout en expliquant qu'il n'est pas question d'encourager qui que ce soit à consommer des stupéfiants.
« Prenant en compte la situation dans le pays, et le fait que l'avenir de plusieurs jeunes tunisiens a été détruit à cause de cette loi, il est nécessaire de la réviser. En fumant un pétard, un jeune écope d'un an de prison et c'est malheureux. J'ai pris connaissance du projet élaboré par le ministère de la Justice. Ce texte comporte des paliers au niveau des sanctions et c'est une bonne chose » avait-t-il expliqué.

Le ministre de l'Education, Néji Jelloul est, lui aussi, revenu sur l'abrogation de la loi 52 relative à la consommation du cannabis. Il a considéré qu'il n'est pas normal qu'un jeune puisse finir en prison, juste pour avoir consommé du cannabis, tenant compte de la nature des fréquentations au sein des prisons. En effet, nombreux sont ceux qui sont condamnés une première fois pour consommation de cannabis et qui le sont par la suite pour d'autres délits bien plus graves et ce, en grande partie suite à leurs fréquentations au sein même de la prison.

Il faut savoir que près d'un tiers des prisonniers en Tunisie sont détenus pour consommation de drogue et la majorité de ces détenus sont des jeunes d'entre 20 et 30 ans. Fejra Ezzaghdoudi, dont le fils de 18 ans a été condamné pour consommation de cannabis soulève un point important et dénonce le fait qu'il soit incarcéré au milieu de meurtriers et de salafistes dans un reportage de France 24, diffusé en février.

Dans ce contexte, le membre du cabinet du ministre de la Justice, Kamel Eddine Ben Hassan, avait indiqué que des mesures sont entreprises afin d'éviter la propagation de l'extrémisme dans les prisons.
Il a précisé que les prisonniers condamnés pour des affaires liées au terrorisme, sont classés selon leur degré d'endoctrinement et dispersés dans différentes prisons ou blocs. Soulignant que les plus fermés à toute tentative de dialogue sont placés en isolement, alors que les autres sont surveillés et encadrés par des psychiatres et des psychologues et séparés de leur groupe afin qu'ils n'aient pas d'influence sur les autres prisonniers.

Les jeunes détenus qui remplissent les prisons du pays restent néanmoins une cible facile à endoctriner, d'autant plus que leur place n'est pas en prison mais dans des centres de désintoxication, quasi inexistants en Tunisie. Le ministre de la Santé, Saïd Aïdi, avait déclaré en février que son ministère œuvre à instaurer un organisme dédié aux soins prodigués aux toxicomanes.
Le ministre avait précisé que ces soins seront gratuits ou couverts par la CNAM, selon les cas, et que près de 1000 détenus pour consommation de drogue devraient bénéficier de ces soins. Il a souligné que l'objectif du ministère de la Santé est d'arriver à contrer ce fléau par l'encadrement et la thérapie en premier lieu avant de procéder aux peines d'emprisonnement.
Saïd Aïdi avait affirmé que la loi devrait être mise en application dans les prochains mois et que son ministère travaille à la réouverture du centre de désintoxication de Jebel Ouest, fermé depuis 2011, ainsi que d'autres centres dans d'autres régions.

La loi 52 continue, entre temps, de faire des ravages. Le nouveau texte de loi proposé n'a pas fait l'unanimité. Le nouveau texte stipule que les deux premières arrestations pour consommation de cannabis donneront désormais lieu à des amendes allant de 1000 à 5000 dinars. Ce n'est que lors de la troisième récidive que la peine de prison est évoquée. Le texte précise toutefois que tout refus de se faire analyser est passible d'une peine de prison allant de 6 mois à un an.

Alors que la loi 52, l'une des rares à rejeter les circonstances atténuantes, dérogeant ainsi aux formalités d'usage pour toutes les infractions du code pénal, a été crée du temps de la dictature pour « se débarrasser » des « éléments gênants », son caractère répressif n'a pas du tout été annulé par le nouveau texte. Nombreux sont ceux qui crient à l'atteinte aux libertés individuelles pointant du doigt ce pouvoir donné aux agents des forces de l'ordre pour obliger tout citoyen à accepter de se faire analyser le sang ou l'urine.

Nous sommes en avril 2016 et les centres de désintoxication, déjà très peu nombreux, sont à l'arrêt, la loi 52 est toujours en vigueur et des jeunes croupissent en prison pour un joint fumé dans une fête ou avec les amis du quartier.
En attendant que le nouveau texte de loi entre en vigueur, le président de la République a annoncé l'amnistie de plus de 1000 prisonniers, parmi les personnes qui ont été condamnées dans des affaires de consommation de cannabis.
Il s'agit d'une première décidée par le chef de l'Etat à titre exceptionnel et ne touchera que la consommation de cannabis et uniquement les prisonniers qui ont été condamnés pour la première fois.

Le geste du chef de l'Etat sauvera quelques jeunes de finir par être des criminels ou de tomber dans les mains des salafistes et finir en bombes humaines. Il réunira des familles et désengorgera des prisons déjà trop remplies. Cela reste un geste ponctuel et à portée superficielle. Comme pour tant de choses en Tunisie de l'après révolution on patauge, on essaye de faire des choses mais doucement, tellement doucement que rien n'est fait, que cela prend un temps fou alors qu'il est grand temps de révolutionner les lois, les droits, de trancher sur des questions qui relèvent des droits fondamentaux de l'avenir d'une jeunesse aux abois. Une jeunesse trop longtemps malmenée par une révolution qu'elle a instiguée et dont elle attend encore, 5 ans plus tard, de récolter les fruits.


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