Bis repetita. Après la Suisse (et la dignité bafouée de la Tunisie par les 200 000 euros remis comme avance sur les montants spoliés le 31 mai 2016) voilà que c'est l'Allemagne qui nous annonce à travers son ambassadeur sur plusieurs médias la mise en place d'un fonds, tenez-vous bien, de cinquante mille (50 000) euros pour financer la « culture pour tous » (sic) en Tunisie. Oui vous avez bien lu. C'est l'équivalent d'environ 123 mille dinars au cours d'aujourd'hui. Je vous laisse deviner ce que vous pouvez produire avec cela. Voilà où on en est réduit. Voilà l'aune avec laquelle on nous mesure désormais. Que celles et ceux qui ont encore des illusions se réveillent! Des montants qui s'apparentent davantage à l'aumône pour se donner bonne conscience qu'à une aide véritable, substantielle, impactante et s'insérant dans une dynamique de développement durable ce qui serait perçu comme un signe d'amitié et de soutien à une démocratie naissante. Outre le caractère offensant de ce montant à l'échelle d'un pays, je vous passe les conditions d'obtention et tout ce qu'elles peuvent receler comme caractère intrusif, dégradant pour nos créateurs obligés de quémander auprès d'étrangers ce que la communauté nationale doit leur offrir.
Où sont nos responsables pour décliner gentiment mais fermement ce genre d'offrande et dire à ce Monsieur que le financement de la culture en Tunisie est une question de souveraineté nationale et qu'il revient au contribuable tunisien à travers ses représentants de définir cette politique et de dégager les ressources et les moyens de cette politique. Que toute aide amie est la bienvenue si elle est respectueuse de cette démarche et à la hauteur de nos ambitions. L'amitié véritable commande cela. Toute autre attitude relèverait du saupoudrage et de la bonne conscience à moindre frais.
L'Allemagne n'en sort pas grandie. Un tel impair ne ressemble pas à l'Allemagne qui nous a habitué à une meilleure intelligence de la situation des pays où elle est présente notamment en étant pionnière dans le recyclage d'une partie de notre endettement. C'est pour cela que nous sommes surpris par tant de désinvolture.
Par ailleurs, que Monsieur l'Ambassadeur d'Allemagne dans la même intervention fasse état de la dégradation de l'hygiène en Tunisie et de la piètre qualité des services dans nos hôtels, c'est son droit le plus strict ne fut ce qu'en sa qualité de résident et de client. Cela n'a rien d'une ingérence. Nous devons la considérer comme une alerte d'un ami qui nous veut du bien et qui appelle notre attention sur nos travers pour mieux y remédier. Et c'est cela le rôle d'un ami sincère.
*Habib Karaouli, président de la Banque d'affaires de Tunisie et économiste