Le vice-président de l'Instance Vérité et Dignité (IVD), Zouheir Makhlouf, a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue ce samedi 15 octobre 2016, que l'Instance a perdu toute légitimité pour poursuivre sa mission après la décision prise hier, de limoger ses deux membres Mustapha Baâzaoui et Lilia Bouguira de leurs fonctions. Il a expliqué que cela rend illégitime le travail de l'instance et entrave ainsi le processus de justice transitionnelle, surtout après le départ de 6 des 15 membres de l'Instance.
Zouheir Makhlouf, a, par ailleurs affirmé, selon la TAP, que l'Instance travaille depuis deux ans et cinq mois et qu'aucun dossier, des 62.000 qu'elle détient n'a encore été traité, mettant au défi la présidente de l'Instance de pouvoir finaliser le traitement de ces dossiers dans l'année et demi à venir. Le vice-président suspendu de l'IVD, qui a tenu aujourd'hui à braver l'obligation de réserve, a, en outre, exposé les « dépassements » au sein de l'Instance. Il a révélé « un certain nombre de preuves, des documents et des copies des textes de la démission de quatre membres de l'Instance qui ont accusé Sihem Ben Sedrine de tyrannie et exprimé l'impossibilité de continuer à travailler dans l'atmosphère qui règne au sein de l'IVD ».
Zouheir Makhlouf a également révélé une série de pratiques financières « déraisonnables », à l'instar de l'allocation d'un million de dinars pour l'achat de pâtisseries et de deux millions de dinars pour l'achat de voitures, estimant que cela est du gaspillage de l'argent public et appelant la cour des comptes, l'Instance nationale de lutte contre la corruption et le pouvoir judiciaire à enquêter sur les opérations de corruption et de fraude dans les dossiers financiers de l'IVD. Il a déclaré que le conflit qui l'oppose à Sihem Ben Sedrine a commencé avec l'incident du déplacement de l'archive politique, qui était alors exposée à la destruction vu le manque de place dans les locaux de l'Instance, relevant que des conflits existent « entre Sihem Ben Sedrine et nombreuses parties officielles, dont les trois présidences, nombreux ministres, la société civile et les médias ». Pour ce qui est de la commission d'arbitrage et de réconciliation au sein de l'IVD, M. Makhlouf a affirmé que cette commission aide à blanchir les corrompus « à travers le dossier du gendre de l'ancien président, Slim Chiboub », soulignant que cela s'oppose au travail du chargé du contentieux de l'Etat. Zouheir Makhlouf a, par ailleurs, souligné qu'il a été empêché de tenir cette conférence de presse et qu'il a dû soumettre au ministère de l'Intérieur une demande au nom du président de l'association « l'identité de la résistance», Chamseddine Rouissi. « Ceci vous montre à quel point est arrivé la pieuvre dans l'action et la réaction » a-t-il ajouté.