Le feuilleton continue au sein de l'Instance Vérité et Dignité (IVD) avec pour principale et « triste » héroïne, Sihem Ben Sedrine que certains n'hésitent pas à surnommer la Dame de fer, mais dans le mauvais sens du terme puisqu'elle est devenue une sorte de super-women au dessus de toutes les lois. En effet, les multiples désaveux surgissant de toutes parts, aussi bien de l'intérieur de l'Instance que de l'extérieur, se poursuivent à une cadence de plus en plus accélérée sans oublier les nombreux jugements prononcés par le Tribunal administratif, tous contre les décisions qualifiées d'illégales et arbitraires de la puissante présidente de l'IVD.
Or, outre l'impuissance du Tribunal administratif à faire respecter et appliquer ses verdicts, les observateurs constatent, avec grand étonnement, l'inertie de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui ne bouge pas le petit doigt pour demander des comptes à Sihem Ben Sedrine dans le sens où l'Instance est placée sous le contrôle de l'Assemblée.
Il est aussi étonnant que le Tribunal administratif ne dispose pas, comme c'est le cas pour les autres tribunaux, de mécanismes et autres procédures lui permettant d'imposer l'exécution de ses jugements. On n'a enregistré, d'ailleurs, aucune réaction face à cette attitude « arrogante et humiliante » de la part de la présidente de l'IVD. Sinon, à quoi bon déposer des plaintes auprès de cette instance judiciaire. La question est sérieusement posée. Cette instance à laquelle l'ANC, dans ses ultimes moments de vie, a offert des super pouvoirs avant de l'offrir sur un plateau à Sihem Ben Sedrine, a connu des difficultés, dès les premiers jours de sa naissance.
Après les démissions spontanées de quatre de ses membres, l'ambiance au sein de l'IVD a connu une tension accrue et une détérioration accélérée avec le conflit surgi entre la présidente de l'Instance (décidément) et son vice-président, Zouheir Makhlouf suite à la fuite d'une lettre qu'il avait adressée au Bureau d'ARP. Renvoyé et empêché même d'entrer dans son bureau au siège de l'Instance, il n'avait d'autre choix que de recourir au Tribunal administratif. Mais en dépit de deux jugements rendus en sa faveur et en faveur de la réintégration à son poste, la responsable de la justice transitionnelle, s'est révélée au dessus des lois et des décisions de la Justice. Effectivement, Sihem Ben Sedrine a refusé d'appliquer les jugements, elle a organisé des élections internes pour remplacer le vice-président exclu après avoir amendé les articles régissant le fonctionnement de l'IVD. Et c'est le dévoué Khaled Krichi qui s'est vu octroyer le poste de nouveau vice-président.
Mais, cette manière forte de procéder a fait, une nouvelle vague chez les membres de l'IVD, plus précisément auprès de deux d'entre eux, en l'occurrence Lilia Bouguira et Mustapha Baâzaoui. Pourtant, ce dernier était l'un des défenseurs acharnés de Sihem Ben Sedrine, notamment lors du célèbre épisode de la tentative avortée de s'approprier les archives du Palais présidentiel de Carthage à la fin du mois de décembre 2014. Ces deux membres de l'Instance, ont adressé deux correspondances à l'Assemblée des représentants du peuple. La première, en date du 30 août 2016, réclamant d'être auditionnés par les présidents des blocs parlementaires pour leur faire part des agressions verbales et autres provocations et harcèlements, exercés par la présidente, parce qu'ils ont osé porter plainte auprès du tribunal administratif quant à l'illégalité de la procédure pour la désignation d'un nouveau vice-président.
Dans une seconde correspondance, en date du 8 septembre 2016, les deux mêmes membres de l'IVD réitèrent leur demande avec insistance pour une séance d'audition suite aux nouveaux développements de l'affaire puisqu'ils se plaignent des agissements de la présidente qui a décidé de les traduire à un questionnement à cause de ce qu'elle considère comme étant une transgression du devoir de réserve. Les deux membres estiment que la situation a atteint un point de non-retour au vu des menaces subies et des actes d'intimidation dont ils font l'objet au point qu'ils se sentent menacés dans leur intégrité physique lorsque des membres d'une association des victimes sont venus, le mardi 6 septembre 2016, leur crier des slogans en présence de la « présidente » et du reste des membres qui n'ont esquissé la moindre réaction.
Comment expliquer cette situation où Sihem Ben Sedrine continue à faire des siennes sans avoir de comptes à rendre à personne. Pourtant, tous les hauts responsables de l'Etat et toutes les institutions sont redevables d'explications à présenter en cas dépassements et autres abus. Même le président de la République, le chef du gouvernement, les ministres, l'Assemblée des représentants du peuple sont passibles, lorsqu'il le faut, de mesures disciplinaires, sauf la super présidente, Sihem Ben Sedrine ! Pourquoi et comment expliquer ce fait ?
On citera, d'abord, cette impuissance ou cette crainte généralisée devant Sihem Ben Sedrine à un point tel qu'on a l'impression qu'elle bénéficie d'une immunité totale. Comment expliquer le mutisme de l'ARP face à ces agissements de l'IVD, qu'on surnomme d'ailleurs, ironiquement, « l'Instance de Sihem Ben Sedrine » ? Comment expliquer l'impuissance du Tribunal administratif à appliquer ces jugements sur cette instance, alors que ses verdicts concernant les élections et les recours lors des législatives et de la présidentielle ont été exécutés dans les heures qui ont suivi leur annonce. Même Moncef Marzouki et Adnène Mansar s'y pliaient.
Pis encore, au lieu d'être critiquée et questionnée, Sihem Ben Sedrine continue à être « chouchoutée » par la société civile et les droits de l'hommistes. Elle a reçu, dans ses salons plusieurs personnalités de renommée dont notamment, Abdessattar Ben Moussa, président de la LTDH, des dirigeants du POCT, Imed Daïmi, des responsables de l'ATFD sans oublier l'ambassadeur américain à Tunis.
En tous les cas, plusieurs voix s'élèvent, même de l'intérieur de l'ARP pour revendiquer un traitement sérieux et efficace du dossier de l'IVD, de sa présidente et de ses agissements arbitraires au sein d'une Instance, censée, pourtant, traiter des questions de justice. Pour l'instant, Lilia Bouguira et Mustapha Baâzaoui sont laissés à la vindicte de Sihem Ben Sedrine devant le mutisme suspect de l'ARP, à laquelle ils se sont plaints à deux reprises.