Mounir El Ghabri, chef du recouvrement au sein de la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG) était l'invité de la matinale de Wassim Ben Larbi sur Express FM ce jeudi 10 novembre 2016 pour faire un état des lieux des impayés dus à la STEG et du comportement global des créanciers tunisiens vis-à-vis de cette société. Le chef du recouvrement a indiqué que « le sujet du recouvrement est un sujet sensible car les dettes de la STEG ne cessent de s'accumuler, depuis fin septembre 2016 le montant de cette dette a atteint les 1750 millions de dinars. Ce chiffre est un chiffre record jamais atteint auparavant. C'est un fardeau important pour les comptes de la société ».
De façon précise, Mounir El Ghabri a expliqué que « pour les institutions publiques telles que les ministères, les municipalités, les entreprises et les offices, le montant de la dette s'élève à 382 millions de dinars soit 36% du montant de la dette globale. Dans le privé, les impayés s'élèvent à 672 millions de dinars soit 64% de la dette ».Il a ajouté que dans le privé, il fallait inclure le consommateur ordinaire dont la dette due à la STEG est de 521 millions de dinars soit la moitié de la dette globale de la société.
Se voulant compréhensif, le chef du recouvrement a mentionné la période de crise vécue dans le pays tout en affirmant qu'il est tout à fait improbable que la STEG essuie ces dettes et que les recouvrements auront donc bel et bien lieu. Cependant, des études au cas par cas sont prises en comptes. Il a ajouté que les campagnes de sensibilisation pour rappeler aux citoyens leurs obligations vis-à-vis de la société d'électricité et de gaz avaient porté leurs fruits et que depuis octobre 2016 la dette de la STEG avait baissé.
Sur les ruptures de courant imposées aux mauvais payeurs, Mounir El Ghabri a expliqué que, cela se faisait en situation exceptionnelle et qu'en général ces mauvais payeurs étaient plutôt aisés. A ce sujet, il a expliqué : « Certains possèdent des piscines mais ne veulent pas payer la STEG… »
Sur la stratégie de recouvrement, il a été indiqué que depuis 2011, le citoyen tunisien a décidé de ne plus être docile, comme l'a déclaré le responsable, « les violences physiques et verbales lors du recouvrement sur terrain sont monnaie courante et ce dans toutes les régions ». Wassim Ben Larbi a également questionné Mounir El Ghabri sur la possibilité de mettre en place de nouvelles méthodes de paiement telles que les compteurs prépayés qui fonctionnent sur le modèle des cartes de recharges prépayées ce à quoi le responsable a répondu : « Nous y réfléchissons, la dimension smart ou intelligente est en train d'être étudiée pour dépasser les problèmes de paperasse, recouvrir nos dettes et couper l'électricité dans les cas de non paiement flagrants et ce via le numérique ».