Leila Chettaoui, députée d'Al Horra à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), s'est interrogée sur les raisons ayant poussé la présidente de la commission chargée d'enquêter sur les réseaux d'embrigadement des jeunes vers les zones de conflit, de reporter une audition cruciale. Abdelkarim Abidi ancien responsable de la sécurité à l'aéroport Tunis-Carthage et Hichem Meddeb devaient en effet être auditionnés. Dans une déclaration, accordée ce vendredi 22 décembre 2017, à Business News, l'élue a en effet fait savoir que la séance a été reportée prétextant le retard de certains députés alors que le règlement intérieur stipule que les travaux des commissions débutent après une demi-heure et ne pas attendre les retardataires. En aucun cas donc la séance d'audition ne devait être reportée. Leila Chettaoui estime que la présidente de la commission a été contrainte de prendre cette décision, vu que les révélations qui devaient être faites concernent directement Ennahdha et des responsables sécuritaires du temps de la Troïka.
La députée s'est interrogée quant au hasard qui a fait que Abdelkarim Laâbidi se retrouve, de simple officier suspendu avant la révolution, promu après 2011 à la tête de la direction en charge de la sécurité à l'aéroport Tunis-Carthage. Un poste qui selon elle nécessite un certain niveau de compétence et notamment une formation spécifique pour sécuriser les aéroports. « La question est qui l'a nommé à ce poste et sur quelle base, d'autant plus que durant la période où il était chargé de la sécurité à l'aéroport, un grand nombre de jeunes tunisiens fichés par les services de renseignements ont quitté le territoire. En tant que responsable de la sécurité, a-t-il fait des rapports et à qui les a-t-il envoyés, si non pour quelle raison ? ».
Leila Chettaoui poursuit en assurant qu'au cours de son passage à ce poste, il y avait des vols à partir de l'aéroport de Mitiga en Libye : « Ces vols atterrissaient à Tunis-Carthage et Enfidha. A leurs bords, des dirigeants de Fajr Libya et de l'organisation terroriste Al-Qaida. Est-ce qu'il était au courant de ces vols et dans le cas contraire comment est-il possible qu'il ne le soit pas ? Est-ce qu'il a vérifié l'identité de ces personnes ? S'il avait vérifié, il se serait aperçu que des combattants avaient atterri en Tunisie ». L'élue évoque ainsi le vol libyen qui s'est craché en 2014, assurant qu'il transportait des dirigeants de Fajr Libya et d'Al-Qaida, à l'instar de Meftah Dhaouadi il faisait partie du groupe islamique combattant en Libye (GICL) et était l'un des leaders sur le terrain des milices Fajt Libya et Tahar Abdelmoula Cherif, qui avait un lien de parenté avec Abdrraouf Kara, l'une des grandes figures Fajr Libya et un émir de Katibat Nouassi. « C'est ce qui nous a mis la puce à l'oreille » affirme-t-elle, avant d'ajouter : « Si Laâbidi était au courant de ces informations pourquoi il ne les divulguerait pas et s'il ne l'était pas, c'est qu'il n'a pas correctement fait son travail ! Il y a un problème ! » Leila Chettaoui indique que les questions qui devaient se poser étaient de tailles, précisant qu'elle aurait souhaité qu'il donne le nombre de vols par semaine en provenance de Mitiga et de donner des éclaircissements sur les vols de nuit : « Il y a ceux qui ont attaqué l'ambassade des Etats-Unis en Tunisie qui ont été évacués à travers ces vols de nuit. Je nomme aussi précisément Abou Iyadh qui a été exfiltré à bord de l'un de ces vols vers la Libye».
L'élue explique que Hela Omrane, présidente de la commission, s'est retrouvée face à un grand problème parce que s'il avait été interrogé, Abdelkarim Laâbidi, il se serait trouvé dans une situation problématique et qui allait jeter le discrédit encore une fois sur Ennahdha, puisque le ministre de l'Intérieur à l'époque n'était autre que Ali Laârayedh. Leila Chettaoui estime que Mme Omrane a « reçu l'ordre pour reporter la séance d'audition ».