Alors que l'année 2018 ne fait que pointer du nez, les acteurs politiques tunisiens se frottent déjà les mains et se lèchent même les babines à la perspective des échéances de 2019. Plus qu'une année à attendre avant de se lancer dans l'arène et pouvoir atteindre le graal de la magistrature suprême. Les ambitions des uns et des autres se confronteront dans une course effrénée au pouvoir. Chacun y mettra du sien à sa manière afin d'y arriver. On assistera sûrement à une campagne à couteaux tirés. Les sorties d'un tel feront chauffer les claviers des internautes férus de polémiques, l'historique d'un autre se verra étalé au grand jour dans les médias. On n'y réchappera pas et les Tunisiens vivront une seconde fois cette manifestation de la démocratie, pleinement, parfois à l'excès.
Pour l'instant, nos politiques s'échauffent, planchent sur les programmes et les stratégies à adopter en toute discrétion ou presque. Aura-t-on droit comme aux élections de 2014 à une pléiade bigarrées de candidats ? Il faudra s'y attendre. A l'heure actuelle on en est aux spéculations, on tente de deviner qui se présentera et qui s'abstiendra. L'actuel chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi se présentera-t-il à sa succession, le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi sautera-t-il le pas ? Et qu'en est-il du jeune chef du gouvernement Youssef Chahed ?
Dans le milieu, on commence à évoquer une éventuelle candidature du président de la République. Si certains y voient cette candidature comme une évidence, en arguant la nécessité pour le pays d'avoir à sa tête une personnalité qui a de l'expérience et qui rassemble. Il n'en demeure pas moins que la question de l'âge s'impose. La constitution n'exige pas de limite d'âge aux candidats, toutefois pour une personne ayant à son actif une très longue carrière politique, ce serait sans conteste la chose à ne pas faire. Nos anciens présidents n'ont jamais su se retirer au bon moment. Béji Caïd Essebsi y sortirait gagnant. Il ne manquera tout de même pas de soutien si jamais l'idée de se présenter se concrétise. A commencer par un Youssef Chahed affirmant récemment qu'il ne pourrait pas être en concurrence avec le chef de l'Etat si celui-ci se présentait à la prochaine élection. Il sera à ses côtés et ne briguera donc pas le poste…
Du côté du parti islamiste, on assiste depuis le mois d'août à un Rached Ghannouchi transformé. Arborant costume-cravate, se positionnant comme un personnage rassembleur, le cheikh est plus que jamais présidentiable. Lotfi Zitoun commentera même ce nouveau look comme étant un passage de son statut de chef de parti à celui d'homme d'Etat. Notre Cheikh national ira même jusqu'à présenter son parti comme étant un mouvement politique civil. Exit donc l'appartenance islamiste et le boulet futur qu'elle pourrait représenter… Ghannouchi ne manquera pas non plus de tacler un éventuel concurrent qui pourrait s'avérer sérieux, Youssef Chahed. Il lui intimera donc de ne pas se présenter à la présidentielle de 2019 et de se contenter de préparer les échéances. Certains ne cachent pas leurs velléités, confiants qu'ils sont dans leurs chances de réussite. Un Moncef Marzouki qui ne digère toujours pas sa défaite au second tour de 2014, se prépare de pied ferme à rempiler. Un Yassine Brahim qui cache à peine ses ambitions y travaille. Un Mehdi Jomâa qui prépare son retour misant sur son capital sympathie, et tant et tant d'autres… Au moins, le spectacle en vaudra la chandelle.