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Bienvenue à l'émirat islamique du Kram
Publié dans Business News le 17 - 08 - 2018

Bienvenue à l'émirat du Kram, où les lois divines sont respectées, où l'Etat de droit n'a plus lieu d'être, où les responsables locaux ont endossé l'armure du preux chevalier combattant l'hérésie.
Ils ont de la chance les habitants de cette bourgade de la banlieue nord de Tunis enfin libérés du joug des laïcs/athées/francs-maçons/suppôts du diable/homosexuels et autres, que Dieu le tout puissant nous en préserve !
Ils ont bien de la chance d'avoir élu un certain Fathi Laâyouni maire de la ville, pour qu'il y instaure une nouvelle forme d'inquisition. Parce que monsieur Laâyouni est bien décidé à rétablir la parole de Dieu, bafouée par les hérétiques. Il est déterminé à mener son combat quitte à ce qu'il viole les lois de l'Etat qu'il est censé représenter. Notre avocat de la morale est prêt à se sacrifier en devenant un hors la loi, pourvu que les Tunisiennes n'épousent pas des non-musulmans ou que les parents ne donnent des noms non-arabes à leurs nouveau-nés.

Décision est prise donc d'interdire les mariages de nos filles avec un non-musulman. S'il tient à se marier, le fiancé devra prouver documents à l'appui sa conversion à l'Islam. Inutile aussi de se présenter à la Mairie pour enregistrer des noms tels que Hannibal ou Elyssa. Passez votre chemin, ces noms ne sont pas d'origine arabo-musulmane et n'ont aucun lien avec notre identité tunisienne n'est-ce pas !
Pourtant, il y a de cela un an le ministre de la Justice a signé une circulaire annulant celle de 1973, interdisant aux Tunisiennes de se marier aux non-musulmans. Sous l'impulsion du chef de l'Etat, les femmes tunisiennes ont maintenant le droit d'épouser l'homme de leur choix quelle que soit sa nationalité ou sa religion.

En refusant l'annulation de la circulaire, Fathi Laâyouni et des énergumènes de sa trempe font acte de désobéissance, de défiance à l'égard de l'Etat et rompent avec le cadre législatif. Ils partent aussi du principe que toutes les Tunisiennes sont musulmanes et doivent se conformer de facto aux lois islamiques.
Interdire, s'immiscer dans la vie personnelle des autres, limiter leurs libertés, leur imposer même par la force ses convictions est la norme pour ces autoproclamés chantres de la morale. Du moment qu'une personne est née de parents supposés être musulmans, elle ne sera que définie comme telle. Proscription de se dire non-musulman. Défense de faire valoir le principe de liberté de conscience ou le caractère foncièrement intime de la croyance religieuse. Tous ces arguments seront vains face à des individus qui vous qualifieront dans tous les cas d'apostat.

C'est aussi par vengeance que le Maire du Kram a décidé de passer outre la loi. Depuis la parution du rapport de la Colibe et la proposition du président de la République de soumettre le projet sur l'égalité dans l'héritage, monsieur le Maire et ses acolytes sont entrés dans une colère noire. Ils veulent en découdre et anéantir l'idée qu'il puisse avoir un jour en Tunisie un modèle de société où chacun serait libre de croire ou de ne pas croire sans pour autant s'immiscer dans la vie d'autrui. Ce serait une offense parce que pour eux, tous les citoyens tunisiens doivent sortir de la même fabrique, du même moule qu'est l'identité arabo-musulmane et rien d'autre. Ceux qui ne s'y conformeront pas doivent se soumettre ou bien subir une discrimination estampillée halal.

Nos réacs sont toutefois bien hypocrites. Ils rejettent la loi sur l'égalité dans l'héritage et la circulaire autorisant le mariage avec un non-musulman en martelant à qui veut les entendre qu'elles sont contraires à la chariaa islamique. Mais alors, pourquoi ils ne s'élèvent-ils pas contre l'interdiction de couper les mains aux voleurs, celle de lapider les adultères ou de l'esclavage ? Serait-ce du fait que leurs propres intérêts soient touchés ? Permettez-moi de le confirmer !
C'est ainsi que d'un débat constructif sur les libertés individuelles, les conservateurs tunisiens nous entrainent sur le terrain glissant du dogme religieux, qu'ils nous érigent un mur des lamentations dédié à un si fragile modèle de société qui se retrouve menacé par les méchants et dangereux laïcs extrémistes. Que de temps perdu dans de vaines considérations.

Dans le cas d'espèce, nous nous retrouvons avec un représentant de l'Etat qui désobéit, qui viole la loi en toute impunité, alors que les conseils municipaux sont censés appliquer la législation en vigueur. D'après le code des collectivités locales, Fathi Laâyouni devra être limogé. L'Etat se doit d'assumer sa responsabilité de garant de la souveraineté de la loi, à moins qu'on ne veuille se retrouver avec des municipalités qui autorisent la polygamie, d'autres les pendaisons sur les lieux publics, celles qui interdisent la vente d'alcool ou encore celles qui autorisent des autodafés pour détruire les œuvres considérées hérétiques…
Ennahdha vient à peine de s'apercevoir de son mauvais casting à la municipalité du Kram en désavouant Fathi Laâyouni. Un avocat qui a fait de l'opportunisme une marque de fabrique quand on connait son historique de flagorneur à la solde de Ben Ali. Telle une girouette, Laâyouni a opéré un revirement après 2011 en surfant sur la vague de l'islamisme extrémiste.


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