L'expert économique Ezzeddine Saidane a estimé que 2019 a été difficile et que 2020 le sera également. Au micro de Hassen Hammali dans l'émission Ahla Sbeh sur Mosaïque FM ce lundi 30 décembre 2019, M. Saidane a ainsi affirmé que «2019 a été une année difficile à tous les niveaux et sur tous les indicateurs de la Tunisie et en particulier l'endettement qui s'est nettement aggravé, rendant les défis de 2020 et les années qui suivent plus difficiles». Pour lui, la mise en place d'un plan d'ajustement structurel est nécessaire. Et de préciser : «J'estime que les plus grands défis pour le prochain gouvernement sont la sûreté et le défi économique et financier».
M. Saidane a évoqué dans ce cadre les déclarations de trois représentants d'institutions financières en Tunisie qui ne sont en aucun cas le fruit d'une coïncidence et qui dénotent des difficultés pressenties. Il a indiqué que le premier est «l'ambassadeur européen qui a indiqué que l'Europe a donné à la Tunisie 10 milliards d'euros (environ 33 milliards de dinars) entre prêts, dons et aides de tout genre depuis 2011 jusqu'à la période actuelle». Le deuxième est «le représentant de la Banque mondiale en Tunisie qui a précisé que la Tunisie a reçu environ 13 milliards de dollars (42 milliards de dinars) entre prêts, dons et aides de tout genre mais qu'en contrepartie l'institution n'a pas remarqué une amélioration de l'économie tunisienne». Le troisième est «le représentant résident du FMI en Tunisie qui a soutenu que le fonds se dirige vers la suspension de la dernière tranche de la revue».
L'expert pense que le timing de ces déclarations et leur synchronisation laisse penser que les challenges de 2020 seront difficiles. Et de marteler que «les dettes tunisiennes (intérieures et extérieures) ont littéralement explosé ces dernières années : les dettes extérieures ont pratiquement doublé en moins de 3 ans, passant de 62 milliards dinars fin 2016 à 115 milliards dinars fin septembre 2019».
Ezzeddine Saidane considère que «les déclarations du FMI sont graves car toutes les autres institutions financières s'alignent sur la sienne. Il faut mettre en place dans les plus brefs délais un plan de sauvetage économique et financier à travers un programme de réforme structurelle» et qu'«il faudra d'abord que le président de la République appelle toutes les parties prenantes pour faire un diagnostic consensuel et sérieux de notre situation».
«La décision est encore la nôtre, si on entame nous même les réformes la pilule passera mieux», a-t-il expliqué en appelant à la rationalisation des dépenses de l'Etat.