Une magnifique robe de mariée brodée au fil d'argent, portée traditionnellement lors de la « jelwa », a été remise vendredi, en fin d'après midi à la Tunisie, lors d'une cérémonie organisée à l'Institut national du patrimoine à Tunis (INP) en présence de l'ambassadeur de France en Tunisie, M. Pierre Ménat. Il s'agit d'une pièce essentielle de la tenue d'apparat de la mariée citadine appelée « Qmejja », formée par des rubans de brocart doré et brodée en fil d'argent avec des paillettes cousues de cannetille avec des motifs variés dont la main prophylactique (Khomsa). Retrouvé il y a deux ans en Belgique et expertisé par Marie Foissy, conservatrice des musées de France, ainsi que par Mme Hayet Guettat, conseillère au cabinet du ministre tunisien de la culture et de la sauvegarde du patrimoine (ancienne conservatrice du musée Dar Ben Abdallah), ce costume traditionnel datant du 19ème siècle, et qui a été authentifié par des experts, proviendrait soit de Carthage, soit de Djerba, a relevé M. Jean Pierre Manguiapan, président de l'Agence pour le co-développement franco-tunisien (ACFT). Cette action, a-t-il encore relevé s'inscrit dans le cadre d'un jumelage entre le gouvernorat de Tunis et la province Alpes Côtes d'Azur. Cette restitution d'oeuvres d'art qui est la deuxième après celle de la Fakrouna (bijou 8 carats or et diamant restitué il y a un an) vise en effet à garnir les collections du musée Dar Ben Abdallah, actuellement en chantier et qui sera réouvert dans 18 à 24 mois, a-t-il signalé. Garantir l'avenir des métiers d'art La cérémonie à laquelle ont assisté notamment M. Fethi Béjaoui, directeur général de l'INP et les représentants du ministère de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine, de l'Utica, de l'ACFT et de la délégation de la communauté européenne en Tunisie, a été consacrée également à la remise des certificats de formation aux métiers d'arts à environ 40 stagiaires tunisiens qui ont participé activement aux différents cycles de formation dans les métiers de conservation et de restauration du patrimoine, organisées par l'école des métiers d'arts. Ces cycles de formation sont menés depuis octobre 2008 jusqu'au mois de janvier 2010, en collaboration avec des experts des musées de France spécialisés dans l'architecture d'époque (17, 18 et 19èmes siècles), dans les domaines de la conservation et de la restauration des dorures sur bois, des peintures sur bois, des supports en bois, de l'architecture de restauration et du textile. En effet, cette cérémonie, a précisé pour sa part, M. Fethi Bejaoui, directeur général de l'INP, est l'aboutissement d'un premier cycle de formation dans la restauration et la conservation du patrimoine visant à renforcer les capacités techniques des futurs maîtres artisans de la Tunisie. Pour l'ambassadeur de France en Tunisie, il s'agit d'un symbole de l'amitié tuniso-française mais aussi des efforts menés dans le cadre de la coopération décentralisée notamment dans le domaine de la culture et de la formation professionnelle partant de la conviction que le patrimoine « est notre histoire et notre avenir ». Faire de la Médina, un lieu de vie culturelle Passant en revue les grandes lignes des interventions de l'ACFT en Tunisie, M. Jean Pierre Mangiapan, a, dans une conférence de presse, tenue auparavant, indiqué que les actions de l'ACFT s'inscrivent dans le cadre d'un ambitieux programme de partenariat visant à soutenir la Tunisie dans son programme d'action en matière de conservation et de restauration du patrimoine qu'il a qualifié d'exceptionnel et de sa volonté de faire notamment de la Médina un lieu de vie culturelle. Il a, à cet égard, rappelé que l'association oeuvre, à travers le transfert du savoir-faire et de l'expertise, à encadrer des jeunes étudiants (master patrimoine) dans les domaines des techniques du patrimoine et du management afin de leur réapprendre les métiers d'art et les techniques anciennes qui sont hélas en voie de déperdition. Il s'agit également de les préparer à créer des petits projets dans les métiers d'art. Parmi les autres projets de l'ACFT, M. Jean Pierre Mangiapan a évoqué notamment le programme de formation des guides touristiques et un éventuel partenariat avec la municipalité de Tunis en vue de redonner lustre au « fondouk des français » qui célèbre cette année ses 350 ans d'existence.