Un événement important pour le patrimoine tunisien a eu lieu vendredi dernier à l'Institut National du Patrimoine ( Dar Hussein). M. Pierre Ménat, ambassadeur de France à Tunis a remis en présence des responsables tunisiens de la Culture dont M. Fathi Béjaoui, directeur général de l'INP ainsi que des responsables de l'ACFP, (Agence pour le Co-développement Franco-Tunisien) , les certificats de formation aux métiers d'art, à une quarantaine de nos stagiaires ayant participé aux différents cycles de formation de l'Ecole des Métiers d'Art, entre octobre 2008 et janvier 2010. Créée conjointement par l'INP et l'ACFP, depuis 2008, l'école forme les futurs maîtres artisans dans la restauration et la conservation préventive du patrimoine matériel. Ces formations sont menées en collaboration avec des experts français, spécialisés dans l'architecture d'époque, (17ème, 18ème et 19ème siècles), dans les domaines de la conservation et de la restauration des dorures sur bois entre autres … La « kmejja », une perle rare Et, le clou de la manifestation, la remise aux autorités tunisiennes d'une perle rare ; une magnifique robe brodée aux fils d'argent, que porte la mariée le soir de la Jelwa. Cette robe a été retrouvée et expertisée il y a deux ans en Belgique par Mme Marie Foissy, conservatrice des musées de France, chef de Projet auprès du Président de l'Institut du Monde Arabe à Paris, ( IMA) ainsi que par Mme Hayet Guettat-Guermazi, Docteur en histoire et conseillère au Cabinet de notre ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine. Il s'agit d'une pièce de la tenue d'apparat de la mariée citadine dont l'origine peut être de Mahdia, Sfax, Nabeul ou Jerba et qu'on nomme « Kmejja ». Très ample et assez longue, elle est confectionnée soigneusement par l'emploi de matières de très belle qualité (rubans de brocart dorés, paillettes cousues de cannetilles, broderies de fils d'argent…). Telle que décrite par Mme Hayet Guettat- Guermazi, les motifs brodés , sont riches et variés. On y voit notamment des signes prophylactiques comme la main « khomsa » et grâce aux matières utilisées dans sa confection, on peut dater ce vêtement de la fin du XIXème siècle. Cette restitution d'œuvre d'art est la deuxième du genre après celle de la Fakrouna, (bijou 8 carats, or et diamants , remise il y a un an), vise à garnir les collections du musée, Dar Ben Abdallah, actuellement en chantier et qui sera opérationnel d'ici quelques mois. Un pont entre les deux rives de la Méditerranée Dans une conférence de presse tenue le même jour dans un hôtel de la place, M. Pierre Mangiapan, président de l'ACFT a précisé que son association a vu le jour grâce à la bonne volonté de Tunisiens de souche et de cœur. Une convention a été signée en juillet 2008 dans le cadre de la coopération bilatérale entre l'INP et l'ACFT, soutenue par le Ministère Français de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement Solidaire, grâce à un financement sur 3 ans, renouvelable ainsi que par la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur . Une convention qui a pour objet, la modernisation et la réhabilitation du musée de la médina de Tunis, Dar Ben Abdallah et ses environs, sur une période de 6 ans, suivie par une deuxième, signée en décembre 2009 entre l'ACFT et l'Office National de l'Artisanat . Un pont entre les deux rives de la Méditerranée, l'Agence pour le Co-Développement Franco-Tunisien, œuvre à asseoir la formation professionnelle auprès de jeunes Tunisiens dans les métiers de la restauration du patrimoine et à soutenir le développement de l'artisanat dans la médina de Tunis. Selon M. Pierre Mangiapan, il y a en Tunisie un patrimoine exceptionnel qui demande à être restauré et sauvegardé estimant que l'action de son association symbolise l'amitié tuniso-française . Il a émis enfin, son souhait de redonner lustre au Fondouk des Français dont on célèbre cette année le 350ème anniversaire d'existence.