Le tourisme de plaisance n'arrive toujours pas à acquérir ses lettres de noblesse en Tunisie où il semble pourtant bien placé pour constituer une manne providentielle pour un secteur plombé par une offre peu diversifiée. C'est que les autorités qui ont lancé un programme de modernisation de l'infrastructure tardent à adopter une stratégie de promotion appropriée. Malgré ses 1300 kilomètres de côtes, la Tunisie tarde encore à devenir une destination de tourisme de plaisance reconnue à l'échelle méditerranéenne. L'activité ne représente en effet que 0,7% de la capacité d'accueil dans la Mare Nostrum. Le pays n'accueille que 2.500 bateaux de plaisance en moyenne par an sur un total de 270 mille bateaux qui sillonnent la région soit une part de marché de 1%. Autant dire, un chiffre largement en deçà des potentialités du pays disposant de plusieurs atouts : proximité avec l'Europe, infrastructure portuaire moderne, hôtels luxueux, cadre légal incitatif à l'investissement, patrimoine archéologique important… Côté infrastructure, la Tunisie compte huit ports de plaisance à El Kantaoui (300 anneaux), Monastir (400 anneaux), Sidi Bou Saïd (380), à Tabarka (100 anneaux), Bizerte (170 anneaux) et la marina de Yasmine Hammamet (750 anneaux). Mieux encore, la marina de Yasmine Hammamet, le premier réalisé et géré dans le cadre d'une concession de service public, est équipée de manière à accueillir des yachts d'une longueur de 110 mètres sur un plan d'eau de quelque 20 hectares. Il va sans dire que le tourisme de plaisance répond parfaitement à la nécessité de diversifier le produit touristique tunisien, demeuré essentiellement balnéaire. Dans le but de donner bon vent à cette niche, l'Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) a réalisé en collaboration avec la « Société de Services et de Conseil en environnement marin et océanographique », « Créocéan » et le Port Autonome de Marseille et la Société Tunisienne SOMETE une étude approfondie sur les ports de plaisance tunisiens. La première phase de l'étude, qui a concerné le diagnostic de la situation et la mise en place du Plan directeur d'aménagement du littoral tunisien pour les activités de plaisance et de croisière, montre que les enjeux économiques de cette activité sont énormes. Elle estime à plus de 200 millions de dinars par an les recettes directes que la Tunisie peut en tirer à travers notamment la location d'anneaux, les acquisitions immobilières, la gestion des ports, les services nautiques. Par ailleurs, le nombre d'emplois que l'activité de plaisance pourrait générer est estimé à environ 15.000 sur dix ans. Les auteurs de l'étude notent également que les chances de la Tunisie d'attirer des plaisanciers sont réelles en raison du surbooking que connaissent les ports de plaisance de la rive nord de la Méditerranée. Les plaisanciers sont obligés de patienter des semaines et des mois pour avoir un anneau. Autre atout : l'amélioration du niveau de vie des Européens accompagnée d'une expansion de l'industrie navale, particulièrement la filière de construction de bateaux de plaisance. L'étude recommande notamment aux autorités tunisiennes, d'adopter une stratégie de communication appropriée pour mieux vendre les atouts de la Tunisie, de continuer la modernisation des infrastructures et d'améliorer davantage les services autour des ports de plaisance.