Lauréat en l'an 2000 du prix maghrébin de la Culture, Zoubeir Turki auquel le président Zine El abidine Ben Ali a décerné vendredi le prix du 7 Novembre de la création au titre de ses œuvres d'avant garde dans le domaine des Arts plastiques est né à Tunis en 1923. Après un séjour académique en Suède où il poursuivit des études d'art durant sept ans, il retrouva le bercail en 1959 pour s'engager dans une belle aventure artistique et conceptuelle jalonnée de labeur et de productivité. Sa démarche épousant l'élan résolu de la modernité, n'en est pas moins attachée à ses racines authentiquement tunisiennes. Talentueux dessinateur, ses créations retracent dans une complicité chaleureuse des portraits et glorifient une saga que nourri le quotidien – à multiple facettes-des méandres de la Médina arabe de la capitale et de ses éponymes en Tunisie. Jamais un artiste-peintre n'aura été aussi ancré au terroir qu'il assimile, en visionnaire ,à un tremplin approprié favorisant l'accès à l'universalité. Un pari gagnant, sans doute. Zoubeiriste jusqu'aux ongles,Turki n'a pas la langue en poche. Autant l'homme est franc et loyal , autant l'artiste demeure rebelle à toute classification. Des envieux simplistes lui collent l'étiquette de « Folkloriste ». Plutôt « Full -coloriste » aurait – il concédé , en guise de répartie caustique. Outre ses productions artistiques dont il dédie la quintessence et la substance à la lumière du pays et à la bonté de son peuple, Zoubeir Turki est célèbre pour sa réalisation dans les années 60 d'une grande fresque occupant , jusqu'à nos jours, le hall de la Maison de la radio nationale, sise à l'avenue de la liberté. Ainsi , ce chef d'œuvre fondateur condense -t-il un style et le projet pictural de l'illustre récipiendaire du prestigieux prix du 7 novembre . A la lisière de la cité de Ben Arous, et portant à merveille l'âge de ses 85 pétales printanières « SI » Zoubeir s'active avec le même enthousiasme à l'édification de son musée-temple personnel . Sera-ce une manière préméditée de léguer à la postérité son message ingénieux ? Et pourquoi pas , une façon de perpétuer autrement le combat , à travers la culture et l'Art, contre la finitude et l'éphémère de la temporalité.