Belhassen Trabelsi, gendre du président déchu Ben Ali détiendrait quelque 11 millions de francs suisse dans l'une des banques du pays, à savoir la HSBC Private Bank de Genève malgré «les lois et règlements en vigueur dans le pays », rapporte le journal helvétique Tsr.ch. « HSBC Private Bank (Suisse) avait eu d'étroites relations d'affaires, durant des années, avec Belhassen Trabelsi, le beau-frère notoirement corrompu du président déchu. Au point de lui ouvrir un compte en banque sur les bords du Léman, compte qui abrite aujourd'hui plus de 11 millions de francs ». Le Conseil fédéral avait émis, au lendemain de la chute de Ben Ali, une ordonnance demandant aux banques de geler immédiatement les fonds de 40 personnalités tunisiennes, dont ceux de Belhassen Trabelsi. Les onze millions de francs représentent à eux seuls un sixième des 60 millions d'avoirs tunisiens bloqués en Suisse, suite à cette ordonnance. Contacté par TSR, HSBC n'a pas voulu réagir sur ce cas précis. Son porte-parole explique cependant que la banque "travaille depuis plus de 100 ans au Moyen-Orient et a toujours œuvré au plus près de la loi». Il souligne "la difficulté qu'il y a à avoir une définition précise de ce qu'est un PEP", ces personnes exposées politiquement avec lesquelles les banquiers doivent redoubler de prudence avant d'accepter leurs fonds. « Belhassen Trabelsi, aujourd'hui réfugié au Canada et recherché par Interpol, appartenait clairement à la catégorie de clients à hauts risques. Bien avant la chute du président Ben Ali, de nombreux articles de presse et plusieurs ouvrages le décrivaient comme l'un des principaux rouages de la corruption en Tunisie. Homme d'affaires touche à tout, le frère de Leila Trabelsi, l'épouse du dictateur, était actif dans la banque, les transports aériens, le tourisme, l'immobilier, les médias et l'informatique » indique aussi le journal suisse. Il est donc apparent que les banques suisses et leurs dirigeants n'hésitent pas à rouler des clients aussi « voyous » qu'ils soient. Le cas de Belhassen Trabelsi, connu par ces mêmes responsables suisses de faire partie du cercle du président déchu connu pour sa corruption, n'a pas empêché les banquiers suisses d'héberger et ainsi de protéger les fonds publics tunisiens détournés par la bande de l'ancien régime. Depuis mars dernier, rapporte enfin le journal suisse, le surveillant des banques a ainsi lancé une opération de «clarification» auprès d'une douzaine d'établissements bancaires, dont HSBC fait probablement partie. Ce travail devrait aboutir avant la fin de l'année. Reste à savoir si la FINMA rendra publiques ses observations, comme ce fut le cas dans le rapport sur les fonds du dictateur nigérien Sani Abacha, ou si elle se contentera d'un simple communiqué de presse. A Berne, cette question fait l'objet d'intenses discussions.