« En politique, on succède à des imbéciles et on est remplacé par des incapables », dixit Georges Clemenceau. Ce n'est pas nouveau. La méthode est toujours la même, on passe en force, on reste inflexible, puis on ouvre le dialogue, et on finit dans la confusion ! Avant les élections, certains doutaient du mouvement Ennahdha. Aujourd'hui c'est Ettakatol qui préoccupe le plus les Tunisiens. Le différend concernait le malaise perceptible dans lequel se trouve le parti politique depuis qu'il a accepté la coalition avec Ennahdha. M. Khemaïs Ksila, élu d'Ettakatol à l'Assemblée constituante et Mohamed Bennour, porte-parole du parti, ont dévoilé leurs désaccords en public, cette fois sur les ondes de Shems FM. M. Ksila a expliqué, mardi 20 décembre, le manque de sérénité à l'intérieur du parti par l'absence de réponses aux attentes d'un nombre important de militants. Il existerait, selon ses dires, une absence de communication efficace entre les dirigeants du parti et la base militante. En outre, l'ancien secrétaire général de la Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l'Homme, a déploré la mise à l'écart de Khayam Turki (fortement pressenti pour occuper le poste de ministre des Finances au sein du nouveau gouvernement) suite à des pressions étrangères. Ksila s'est montré critique quant à « l'écartement » de Turki. Il considère que cette affaire ouvre les portes à l'ingérence étrangère dans la composition du gouvernement tunisien, plus précisément celle des Emirats Arabes Unis. Abu Dhabi aurait, selon M. Ksila, téléguidé ce changement en menaçant de porter plainte contre M. Turki en raison de son implication dans des affaires d'abus de pouvoir. Il a affirmé que la « vraie version » est diamétralement opposée, puisque certaines parties émiraties tremperaient dans des affaires de corruption et de fraude dans le projet de Sama Dubaï ou celui de Tunisie Telecom. En fait, la déclaration très critique de M. Ksila envers le parti qu'il représente à l'Assemblée constituante, a dérangé M. Mohamed Bennour et l'a poussé à intervenir en direct. Les auditeurs et téléspectateurs devront, semble-t-il, s'habituer à cette scène devenue presque systématique ! Le porte-parole d'Ettakatol n'y est pas allé par quatre chemins pour reprendre Ksila de volée : «Khemaïs Ksila est un ex-Rcidiste et un allié du régime de Ben Ali ». M. Bennour a expliqué que Ksila a comploté avec le président déchu en vue de la destitution de Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafar et Sihem Ben Sedrine en 1994 de la Ligue tunisienne pour la défense des Droits de l'Homme! M. Ksila aurait été récompensé et nommé par Ben Ali à l'Ambassade de Tunisie à Paris. En conclusion, Mohamed Bennour a ajouté que M. Ksila n'a aucun droit de parler au nom des membres du parti ! Notons que cette guerre fratricide entre Ksila et Bennour ne date pas des élections, et que les maux de l'un semblent toujours provenir des attaques de l'autre. Que doit-on attendre d'Ettakatol, une division interne ou l'exclusion de Khemaïs Ksila ?